L’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard), en partenariat avec la Pavillon des sciences, a accueilli en mai et juin l’exposition « Infinités plurielles » : 15 portraits de femmes scientifiques. L’occasion de réfléchir à la mixité des formations et l’égalité des carrières professionnelles. Et en la matière, du chemin reste à parcourir…
Sur le site des bibliothèques de Belfort puis de Sévenans en mai et juin, les 15 grands portraits en noir et blanc de femmes, en pied, le regard tourné droit vers l’objectif, n’ont pas manqué d’interpeller les passants. Parmi elles, trois franc-comtoises : Céline Reylé, astronome à l’institut Utinam, Julie Le Gallo professeure des universités au CRESE (centre de recherches sur les stratégiques économiques) et Christiane Mougin, praticienne des hôpitaux, professeure de l’Université de Franche-Comté.
Mères, femmes, filles, physiciennes, ingénieures, anthropologues, chimistes, toutes, dans leur diversité, incarnent la réussite scientifique au féminin, la promesse pour des milliers de jeunes filles que « c’est possible ». Et c’est justement pour défendre cet espoir qu’elles ont accepté de poser sous l’objectif de Marie-Hélène Le Ny dans le cadre de l’exposition itinérante « Infinités Plurielles », à l’initiative du ministère de l’Education Nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche.
L’expo a tourné dans divers musées et écoles avant de finalement arriver à l’UTBM à la demande de Béatrice Bouriot, enseignante-chercheuse au département Energie-Institut FEMTO-ST. « J’ai été fascinée par le côté artistique de l’exposition. Ces femmes sont rendues visibles là où les carrières sont majoritairement masculines », commente la chercheuse.
Sur 2622 étudiants en 2015 à l’UTBM, 18,8 % de filles
Plus que personne d’autre, Béatrice Bouriot sait de quoi elle parle. « Lorsque je suis arrivée au département Génie électrique (actuellement Energie) en 2006, j’étais la seule femme. Nous sommes aujourd’hui 3 sur 19 membres au total », note-t-elle. Nommée chargée de mission « égalité des genres » au sein de l’UTBM depuis 2013, elle a à cœur de défendre la promotion des jeunes filles dans les filières scientifiques et ce, dès le plus jeune âge. « L’orientation des filles et des garçons se décide dès le primaire, le collège. L’éducation est primordiale. C’est un travail de longue haleine », explique-t-elle. D’où l’idée d’organiser tout au long de l’année des rencontres avec des lycéens et des collégiens pour faire découvrir les filières de l’université de technologie.
Mix'Utées, un club pour faire bouger les lignes
Jeanne Schwartzwalder, étudiante au sein du département Energie et Manon Guillet du département Mécanique se sont largement investies pour l’expo « Infinités plurielles » en réalisant l’affiche et en relayant l’événement auprès des étudiants. Plus largement, elles ont créé le club Mix-Utées au sein de l’association des étudiants. Objectif ? Développer des outils de communication pour promouvoir la mixité des formations, faire connaître les carrières scientifiques à tous, organiser des visites en entreprises pour tous les étudiants, des échanges, des débats et promouvoir leurs travaux de recherches. En effet, dans le cadre de l’UV méthodologie de recherche, elles planchent sur « le plan de carrière des femmes scientifiques dans le milieu industriel ». Les étudiantes ont mis au point et diffusé un questionnaire dans les milieux scientifiques, et notamment industriel. Et comptent bien faire connaître leurs résultats dès que possible…
A l’UTBM, sur 2622 étudiants en 2015, 18,8 % étaient des filles, soit moins d’un élève sur cinq. Néanmoins, les choses évoluent tout doucement : elles étaient 16% en 2012. « De nouvelles filières comme Ergonomie et design attirent davantage les filles », observe Mme Bouriot. Et de constater aussi chez les nouvelles générations un changement de mentalité : « il y a moins d’a priori. Certains s’étonnent même que l’on pose la question de l’égalité, car pour eux c’est une évidence ». De nombreux garçons ont d’ailleurs pris part à l’exposition et aux ateliers qui la précédaient ainsi qu’à la rencontre avec la réalisatrice, Marie-Hélène Le Ny, qui avait fait le déplacement lors du vernissage. De bon augure pour l’avenir ? Pour Béatrice Bouriot, une chose est sûre : « quand il y a de la mixité, les échanges sont différents, plus constructifs, respectueux et enrichissants. La complémentarité des sexes est essentielle ».
Crédits
Un article de : Eléonore Tournier
Crédits photos : UTBM/DR