David Bouquain : Deux mains de maître

Côté cour – Le coup de main

Petit, c’étaient les Lego® et les petites voitures ; hier, c’étaient la construction du département Génie électrique à l’UTBM et toujours les voitures (plus grandes) ; aujourd’hui, c’est la construction des partenariats avec les entreprises (et toujours les voitures). David Bouquain aime la technique et c’est ce qui a dirigé son parcours jusqu’à sa nomination en tant que directeur des relations entreprises. Ses deux mains de maître (de conférences), il aime les mettre « à la pâte », au boulot comme dans ses loisirs.

La technique. Toujours. Quand on discute de son job, David Bouquain ne se lasse pas de répéter que c’est ce qu’il aime. Depuis toujours. « Petit, j’adorais les Lego Technic®, le modélisme et dépiauter les voitures », raconte-t-il. « Tout ce qui était très technique en fait. Mon arrière grand-père, mon grand-père, mon oncle travaillaient à Alstom en tant que chaudronnier, acheteur et dessinateur… Et dans la propriété de mon grand-père à la campagne, je coupais du bois, faisais du tracteur, beaucoup de bricolage et de travail manuel. » De ses vacances dans la propriété familiale, il a gardé ce goût dedavis_bouquain_utbm4 fabriquer, bricoler, aménager et fait ensuite tous ses choix par amour de la technique, des moteurs et des voitures, jusqu’à occuper le poste de directeur des relations entreprises à l’UTBM. Un poste certes davantage managérial, en plus de ses tâches d’enseignant-chercheur, mais qui lui confère une grande proximité avec un monde de terrain, celui de l’entreprise, et le baigne encore dans la technique qu’il doit « vendre ».

Cette dimension a aussi été le fil directeur de son parcours. Bien avant de décrocher ce poste de directeur en octobre 2014, à l’âge de 38 ans, cet enseignant-chercheur a démarré avec un bac technologique spécialité électrotechnique. Après avoir décroché ce diplôme en 1994 au lycée Raoul Follereau de Belfort, il s’est empressé de renforcer cette spécialité en s’inscrivant au BTS électrotechnique au lycée Édouard Belin de Vesoul, puis en suivant une maîtrise et un DESS* génie électrique à l’université de Franche-Comté, obtenu en 1999.

Petit, les Lego®, adulte, la construction de la plate-forme technique à Belfort

L’UFC lui propose très vite un poste d’ingénieur de recherche pour plancher sur un système électrique pour véhicule hybride. C’est là que l’aventure de l’enseignement et de la recherche démarre. Il fait ensuite deux ans au Centre de recherche en électrotechnique et électronique de Belfort (CREEBEL) avant d’intégrer l’UTBM en 2002, par l’intermédiaire du professeur Abdellatif Miraoui à qui l’UT a confié la mission de créer le département Génie des systèmes de commande (GSC), devenu département Génie électrique des systèmes de commande (GESC) puis Énergie et environnement.

L’enseignant y est attendu pour développer la plate-forme technique de ce nouveau département. Ce qui l’arrange car, faut-il le rappeler, David Bouquain aime la technique… david_bouquain_utbm3« Je ne voulais pas faire de thèse, pas potasser, plus faire l’étudiant, j’aimais faire des choses très pratiques », s’emballe le directeur. « J’ai démarré alors qu’il n’y avait rien et avec seulement 15 étudiants. J’ai conçu toute la plate-forme, acheté le train électrique, la soufflerie pour éoliennes, développé les équipements technologiques pour les travaux pratiques des étudiants et les travaux des chercheurs… » « Partir de rien » et concevoir tout « de A à Z, pour développer un outil en lien avec la pédagogie, en échappant au simple rôle d’exécutant » est ce qui lui a d’ailleurs « le plus plu ». Comme de participer aussi « à l’introduction dans les enseignements des travaux menés sur la pile à combustible embarquée dans les véhicules », faisant ainsi de l’UTBM « la première école en France à la proposer en pédagogie ».

La voiture, une passion au centre de ses recherches

C’est durant cette période qu’il commence à vraiment baigner dans le monde de la recherche. D’abord comme « petite main » jusqu’à ce qu’on le motive à passer une thèse pour que l’établissement puisse le conserver dans ses troupes en tant que maître de conférences. Thèse qu’il soutiendra en 2008 mais « faite un peu à l’envers d’une traditionnelle », s’amuse-t-il. « Puisque toutes les manipulations ont précédé la partie modélisation et démonstration ! » C’est aussi au même moment, qu’il récupère, à 33 ans, la direction du département Énergie et environnement que quitte Abdellatif Miraoui.

Je ne voulais pas être un rat de laboratoire (…) Et finalement, la manière dont nous avons développé le travail de recherche dans le département m’a plu ! Parce que la démarche était très pratique, pragmatique »

Ces choix, il ne les avait pas obligatoirement « imaginés », confie-t-il. « Mais tout ce que j’ai fait m’a plu et c’est en goûtant que l’appétit vient ! », s’amuse le chercheur. De l’appétit, il en a effet développé pour la recherche alors qu’il reconnaît que ça ne lui disait pas grand chose au départ. « Je ne voulais pas être un rat de laboratoire et j’avais peur de m’ennuyer en rédigeant pour des publications scientifiques. Et finalement, la manière dont nous avons développé le travail de recherche dans le département m’a plu. Parce que la démarche était très pratique, pragmatique, proche des manipulations et de l’environnement des entreprises ».david_bouquain_utbm5

Deuxième chose qui le met « en appétit », les responsabilités. En plus de diriger le département GESC entre 2009 et 2014, il est le responsable de l’équipe « Commande et conversion de l’énergie » depuis 2012 au sein de l’IRTES-SeT, le laboratoire dont il dépend. Aujourd’hui il a abandonné la direction du département pour faire le lien entre l’établissement et les entreprises. Poste davantage « politique », pour lequel il a réduit son service d’enseignement de moitié pour pouvoir structurer sa nouvelle équipe et développer les liens avec les entreprises ou des organismes professionnels, des incubateurs, les collectivités…

Mission : « faire le tour des popotes », comme il aime bien le résumer, afin de décrocher des financements pour l’établissement, au travers de la taxe d’apprentissage, de la formation continue, de nouveaux contrats de recherche… Une fonction essentiellement « de dialogue », y compris en interne avec son équipe et les autres services, et qui ne correspond pas à sa nature, reconnaît-il. « Dans la vie, je suis quelqu’un qui ne parle pas beaucoup. Là, il faut communiquer tout en étant assez terre à terre, pragmatique. En interne aussi je veux casser la hiérarchie administrative et être un directeur qui parle aux autres… »

Si ce travail lui prend du temps, il en garde évidemment pour ses activités de recherche et pour préparer son HDR* qui pourra lui permettre, à terme, de postuler sur un poste de professeur des universités. Actuellement, il bosse sur un projet européen qui vise à « développer un scooter hybride, qui roulera à l’essence et à l’électricité en étant équipé d’une batterie qui pourra rentrer dans un sac à main ! ». Les véhicules électriques et hybrides étant l’une de ses spécialités, avec le stockage de l’énergie et les systèmes pile à combustible. Des spécialités qu’il développe toujours dans le domaine des transports. « Oui, j’aime la voiture ! », aime-t-il rappeler.

* Ex master
* Habilitation à diriger des recherches

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Côté jardin – Le vert et le bleu

Une passion ?
Le bricolage. Toute forme de bricolage ! Les engins, les outils, dès gamin, j’ai baigné dedans. Chez mon grand-père, dans la propriété familiale de Romagny-sous-david_bouquain_utbm6Rougemont, je tenais déjà une tronçonneuse à l’âge de 14 ans pour abattre les arbres. Et j’ai des photos de moi sur une remorque, sur un tracteur, etc. J’adore les tracteurs. Je les regarde encore œuvrer derrière chez moi quand c’est la période des foins, comme quand j’étais gamin. J’ai même hésité à devenir paysan !

Qu’est-ce qui vous plaît dans ces activités ?
J’ai toujours apprécié cette propriété, où il y avait des étangs et des bois. J’aime la nature, toutes les activités extérieures et le bricolage que peut demander l’entretien de ce genre de domaine. J’ai construit ma maison en 2006. Si je n’ai pas fait le gros œuvre, j’ai en revanche fait tout l’aménagement et la décoration autour : terrasse, travaux de maçonnerie, construction d’un cabanon… Ça me permet de couper avec le travail, de me vider la tête… Mais je ne suis pas le gars qui va tailler des roses (rires) !

Je peux passer sans difficulté du costume-cravate au bleu de travail ! »

Ça occupe beaucoup de votre temps ?
Tous les week-ends quand je lâche mon ordinateur et après m’être occupé de mes enfants. De toute façon, il faut que je fasse quelque chose. Si un robinet fuit, il est réparé deux jours après. J’ai acheté une bétonnière, un quart d’heure après, il y a avait du béton dedans. Et maintenant je fais le béton pour le voisinage ! Et je bosse aussi sur les voitures. J’ai participé à l’école Sbarro au câblage de voitures avec les étudiants, ceux de l’Intencity et de la Réact’EV et de Sparta. Je peux passer sans difficulté du costume-cravate au bleu de travail ! J’aime l’automobile, surtout la dimension technique : la mécanique, l’électricité… Et je le fais par plaisir, aussi parce que j’aime transmettre cette dimension pratique.

D’autres passions ?
Le modélisme. J’ai commencé avec les Lego® puis j’ai conçu un bateau d’1m20 en bois. Là aussi, de A à Z : ponçage, peinture, assemblage…

Crédits

Un article de : Camille Pons
photos : Daniel Nowak