L’argent de la route de la soie Même fondu à plusieurs reprises et successivement frappé en monnaies diverses et variées, l’argent métal peut conserver sa constitution d’origine
par delà les siècles. Celui produit en Asie centrale à l’époque médiévale est le seul à présenter une forte quantité de bismuth, un élément chimique de la famille des métaux lourds. Une signature qui aide à suivre la piste du précieux métal, à l’aspect sans cesse changeant, à travers les continents.
« La route de la soie est un mythe et un nom inventé au XIXe siècle. Il est vrai que de nombreuses marchandises étaient transportées sur de longues distances, mais elles empruntaient bien des circuits », raconte Florian Téreygeol, archéologue minier, spécialiste des métaux précieux au Moyen Âge, et instigateur du projet de recherche LARS, « L’argent de la route de la soie », qui veut comprendre comment l’argent métal a circulé au Moyen Âge de l’Asie centrale jusqu’à l’Europe. Le projet réunit les compétences de deux centres de l’IRAMAT, l’Institut de recherche sur les archéomatériaux : le Laboratoire métallurgies et cultures de l’UTBM, spécialisé dans l’extraction minière et auquel collabore Florian Téreygeol, chargé de recherche CNRS, et le Centre Ernest Babelon qui, à Orléans, se concentre sur l’étude des monnaies. Le projet est porté par la Maison des sciences de l’homme et de l’environnement Claude Nicolas Ledoux, et reçoit le soutien de la Maison des sciences de l’homme du Val de Loire.
En septembre dernier, l’équipe est menée par Florian Téreygeol jusqu’aux contreforts de l’Himalaya, à 4000 m d’altitude, au Tadjikistan. Un site majeur de production. « Des archéologues russes ont travaillé sur ces mines, et consigné leurs résultats dans des rapports d’activité que nous avons consultés au préalable à la bibliothèque Lénine à Moscou. L’existence des gisements était par ailleurs attestée par la géologie. »
L’analyse des échantillons de minerai prélevés au cours de l’expédition, couplée à l’examen de pièces de monnaie médiévales, aidera à reconstituer les cycles de vie de l’argent. Les archéologues ont découvert avec bonheur que le musée de Douchanbé au Tadjikistan dispose d’impressionnantes quantités de monnaies complè- tement absentes des collections européennes. Un sujet d’étude complémentaire et inespéré, pour lequel ils ont reçu sur place un accord enthousiaste.
Sources
Un article article publié dans le numéro 257 de « En direct »,
Le journal de la recherche et du transfert de l’Arc jurassien