Côté cour – À pile
On a tous un côté pile et un côté face. Pour Michel Romand c’est encore plus vrai. La pile est l’objet de son travail quotidien à l’UTBM, alors que dans son espace personnel, il se frotte au plaisir du face-à-face. Avec un public, en jouant soit des pièces de théâtre, soit des morceaux de musique.
Michel Romand est passionné par son travail. Dans son bureau à Belfort, ni images ni objets personnels, ni fresques ni posters, seulement des schémas des nouveaux véhicules conçus dans le cadre du projet qu’il coordonne pour l’UTBM, MobyPost, et des images ou logos des différents partenaires qui l’accompagnent, huit au total, de quatre pays différents. Le projet, sur lequel il est intarissable – et donc très bavard ! -, c’est celui de tester sur des sites de La Poste l’utilisation de véhicules électriques équipés de piles à combustible, donc fonctionnant à l’hydrogène, et plus autonomes et résistants au froid que des véhicules électriques traditionnels. Et de préparer ainsi un éventuel déploiement du procédé à d’autres flottes de véhicules et dans d’autres secteurs (lire l’article du 3 mars 2014, https://detours.utbm.fr/2014/03/03/experimentations-la-poste-la-pile/).
L’UTBM l’a recruté pour ce faire en avril 2013. Mais l’aventure avait commencé bien avant. Au sein de l’Institut Pierre Vernier, un centre régional d’innovation et transfert de technologie disparu depuis, au sein duquel Michel Romand a contribué, dès la fin de l’année 2008, à imaginer et concevoir le projet. Projet retenu ensuite, en 2011, dans le cadre d’un programme européen.
Une « mise au vert » à mi-carrière
Au boulot, ce n’est pas une, mais deux passions qui animent apparemment ce « pilote » de projet. Celle de l’innovation d’abord, qui a guidé la plupart de ses expériences professionnelles. Ce micro-électronicien de formation a travaillé au développement des commandes de machines-outils à Saint-Gobain, dans l’Ain, puis s’est investi dans les activités R&D d’une PME auvergnate, centrées sur les systèmes électroniques routiers, avant de rejoindre l’Institut Pierre Vernier. Le déclic pour les questions liées à l’environnement, et plus globalement les questions de responsabilité sociétale des entreprises, s’est fait en 2005. « J’étais à mi-carrière », explique-t-il. « Je me suis dit que j’allais enfin essayer de faire des choses propres ! Parce que cela n’est pas qu’un problème politique. Nous avons aussi une responsabilité personnelle… »
J’étais à mi-carrière, et je me suis dit que j’allais enfin essayer de faire des choses propres ! »
Depuis, il s’est effectivement mis au vert dans sa vie professionnelle, jusqu’à porter un projet qui n’est pas censé « faire les choses à moitié ». Ainsi, les stations qui doivent alimenter les véhicules actuellement testés par les postiers produisent l’hydrogène en utilisant exclusivement de l’énergie décarbonnée, c’est-à-dire de l’énergie renouvelable, en l’occurrence ici l’électricité photovoltaïque. Une dimension « complète » à laquelle Michel Romand tient beaucoup car, défend-t-il, « à quoi sert de prôner le respect de l’environnement en roulant, si, pour rouler, on a pollué un maximum avant ! ».
Une question de conviction
Michel Romand aime bien d’ailleurs glisser, au détour de la conversation, que ses convictions guident aussi son quotidien. Et qu’il habite une maison à énergie positive à Besançon. « Et en plus », s’amuse-t-il, « dans une rue où les voisins roulent plutôt en gros 4×4 diesel ! C’est cette conviction qui m’a d’ailleurs aidé à supporter les épreuves. Et depuis 2008, j’accepte toutes les contraintes liées au projet, notamment les quelque 200 bornes à faire chaque jour car je crois à l’utilité du projet ! »
Ce sont ces convictions qui l’aident également à porter, et avec plaisir, les autres contraintes liées à son travail, notamment celles de passer des uns aux autres et de l’une à l’autre tâche en permanence pour avancer. « Mon rôle consiste avant tout à orchestrer », explique-t-il. « Il faut gérer énormément d’interactions entre les lots [les parties du projet développées par chacun des partenaires, NDLR], mais aussi les situations à problème. Et mon quotidien, c’est justement d’anticiper le plus possible les situations et les problèmes ! » Cet habit de « Monsieur Loyal », il l’endosse aussi pour préparer l’après-projet en faisant l’interface entre les chercheurs et ingénieurs de l’UTBM, qui mènent des travaux tout autant dans le domaine du stockage stationnaire que dans le domaine de la mobilité, et les industriels à qui il propose des solutions. « En gros, je gère un carnet d’adresses et je tutoie tout le monde », aime-t-il résumer.
On l’a compris, l’homme et le projet qu’il coordonne se ressemblent. Et quels que soient les résultats de l’expérimentation qui démarrera cet hiver, Michel Romand semble bien à sa place, parce qu’il y croit, et le dit haut et fort. « Je veux montrer qu’il y a de vraies alternatives aux énergies fossiles et que ça fonctionne. Certes, les véhicules utilisés ne font pas nécessairement rêver, mais ils sont plaisants à conduire et le moteur est coupleux, ce qui permet de bonnes accélérations. Voire même de »gratter » des grosses voitures ! »
Côté jardin – Sur batterie
Des passions ?
La batterie ! Je joue d’ailleurs le même rôle qu’au boulot puisque c’est le batteur qui assure la coordination dans un groupe ! Je joue plutôt du rock, des reprises de Téléphone, de Shaka Ponk… des morceaux qui bougent un peu. D’ailleurs, j’ai acheté une batterie électronique mais je préfère l’acoustique. Ça vit davantage. Je pratique aussi le théâtre et le chant en chorale.
Je joue le même rôle qu’au boulot puisque c’est le batteur qui assure la coordination dans un groupe ! »
Que puisez-vous dans ces passions ?
Ça rend ouvert aux autres ! Au travail, on a tendance à être centré sur son « scope »*. Par ces activités, on rencontre des gens très différents. Et c’est comme à l’université où se mélangent les générations, les jeunes et les profs, et la diversité des savoirs et des compétences. Comme je ne suis pas monochromatique, ça me va bien. Et puis, il faut apprendre à se lâcher. Et j’aime assez les défis… Et nous cultivons en même temps l’humilité puisque ça nous montre en permanence à quel point nous pouvons être mauvais ! Quand vous assistez à un concert, ça paraît naturel. Mais quand c’est à vous de le faire, c’est quand même super dur !
Un souvenir fort de l’une ou plusieurs prestations ?
Je pratique le théâtre avec une troupe amateur de Besançon, la Compagnie de la Dame Blanche. J’ai notamment joué « Musée haut, Musée bas » de Jean-Michel Ribes, une pièce un peu déjantée ! Nous étions les visiteurs, et en même temps les œuvres du musée. Donc sous cadres !
* Sa mission