Loïc Rueff : L’homme qui murmure à l’oreille des étudiants

Côté cour – Un infirmier qui vous veut du bien

Loïc Rueff est responsable du service médical de l’UTBM. Cet infirmier de 28 ans est chargé de « prendre soin » de la santé des personnels et des étudiants, y compris d’un point de vue psychologique. Tendre une oreille attentive aux problèmes fait donc partie de ses prérogatives. Comme pour le quad, sa passion, il a démarré sa mission au quart de tour, alternant remise en ordre et projets de sensibilisation et de formation.

À l’écouter, sa carrière d’infirmier était toute tracée. Pourtant ses études secondaires ne semblaient pas le prédestiner à ça puisqu’il a passé un bac scientifique option agronomie-biologie, en section agricole, domaine qui ne l’effrayait pas puisque que Loïc Rueff est né dans le monde rural, à Bournois, un petit village du Doubs de moins de 200 habitants, situé à la frontière de la Haute-Saône. Il n’empêche, ce n’est pas l’agriculture qu’il choisit. Dès la sortie du lycée, il passe le concours d’école d’infirmiers et intègre ensuite l’IFSI* de Montbéliard. L’école, confie-t-il, c’est parce qu’il « voulai[t] travailler vite » ; les soins infirmiers, c’est parce que sa mère, aide-soignante, lui a « donné le goût »…

Sa première véritable expérience en tant qu’infirmier, après s’être quand même frotté au travail d’aide-soignant, pour lequel il a aussi été diplômé durant ses études, il la réalise aux urgences de l’hôpital de Montbéliard, dans le cadre de son stage préprofessionnel. Un « essai » qu’il « transforme » puisqu’il y passe de stagiaire à employé en l’espace d’un week-end. « J’avais mon diplôme en poche le vendredi 19 novembre 2010 et le lundi qui suivait, je démarrais en tant qu’employé ! », s’amuse le jeune homme.

Je ne suis pas là pour dire aux étudiants ‘ne bois pas, ne fais pas ci, ne fais pas ça’, mais plutôt ‘si tu bois, cuve sur place !’ »

Le service des urgences, il n’y est pas tombé par hasard non plus. Comme pour l’UTBM un peu plus tard, c’était un « choix ». « J’aimais bien les gestes techniques et surtout la diversité à laquelle j’étais confrontée », explique-t-il. « Il y avait toujours quelque chose de nouveau, notamment dans la pathologie des patients. » Si cette diversité à l’hôpital le « nourrit » pendant quatre ans, c’est cette même diversité qui l’oriente ensuite vers l’UTBM. « J’avais le désir de faire autre chose, de trouver un nouveau défi », raconte Loïc Rueff. « Et le public de jeunes adultes et les mots ‘participation active’ inscrits dans la fiche de poste m’ont beaucoup plu ! »loic_rueff_cote_cour_2

Le plein d’idées

C’est un défi. Car Loïc Rueff se voit confier dès son arrivée, en novembre 2014, la tâche de recréer ce service et de lui donner un nouveau souffle. Et il s’en réjouit : « j’ai plein d’idées, des moyens et on ne met pas des bâtons dans la roues ! » Première chose à laquelle il s’est attelé, « changer la façon de faire ». En plus de faire le tri et d’acquérir, si besoin, des appareils et équipements fonctionnels pour son service, il s’est fixé pour première mission le « zéro papier ». Soit, rien que pour les personnels, quelque 400 dossiers informatiques à créer et à mettre à jour, auxquels s’ajoutent évidemment ceux des étudiants. « Un boulot monstre puisque cela représente plus de 7000 dossiers ! », s’amuse l’infirmier.

Mais Loïc Rueff n’a pas été « convié » ici que pour remettre de l’ordre, d’autant que, rappelons-le, sa mission est plurielle. Car au-delà de la dimension médicale, le service doit assurer la prévention et la promotion de la santé y compris d’un point de vue psychologique, et apporter un soutien ou une aide sociale. Des dimensions qui font d’ailleurs la différence avec son ancien boulot car « ici », confie-t-il, « on trouve davantage de pathologies psychologiques ». Et du mal-être à gérer parfois, notamment chez les nouveaux arrivants. Une mission importante mais qu’il ne confond pas avec du cocooning. « Je vois beaucoup de jeunes en tronc commun qui arrivent juste après avoir quitté le cocon familial et ont besoin qu’on les rassure », confie le jeune homme. « Je les écoute, je les aide mais pas dans l’optique de les protéger de tout. Je ne ferai pas à leur place ! »

Pour assurer toutes ces missions, il devait en priorité finaliser son équipe. Ce qui est chose faite depuis le premier trimestre puisqu’un médecin est venu s’ajouter à l’infirmier et à la secrétaire dédiée au service. Loïc Rueff s’est aussi appliqué à refaire progressivement toutes les trousses de secours des laboratoires, des bureaux des assistants de direction, de la bibliothèque universitaire, de l’accueil ou encore des véhicules de l’établissement, et ce, sur tous les sites. Soit près de 500 trousses, kits ou pochettes « à garnir ». En janvier, il avait déjà bouclé les 200 kits du site de Sevenans, « personnalisés en fonction des lieux » donc en fonction des risques auxquels sont exposés les usagers.

À la reconquête des étudiants

loic_rueff_cote_cour3Ces trousses lui serviront aussi « à assurer le suivi des accidents ou incidents » puisqu’elles devront lui être retournées après chaque usage. Suivi qui permettra de se poser les bonnes questions sur la formation des personnes ou encore sur le respect de certaines procédures de sécurité. En matière de procédures, le jeune infirmier s’est d’ailleurs aussi penché sur les celles à suivre en cas de blessures ou incidents au travail. Là aussi, il choisit la « remise à plat complète » pour recréer « des documents à jour et compréhensibles » qu’il intègre aux trousses.

Mais Loïc Rueff veut aller plus loin que garantir la sécurité et le bien-être de la communauté universitaire. C’est d’ailleurs l’une des premières déclarations qu’il nous a faites quand on l’a rencontré : il veut d’abord et surtout « reconquérir les étudiants ». Drôle d’enjeu semble-t-il… Pas si drôle que ça en fait, car apparemment ces derniers ne se pressaient plus trop au portillon si l’on en croit l’infirmier. Il lui a donc fallu d’abord rappeler à l’ensemble de la communauté que sa mission ne se borne pas qu’à réaliser des visites médicales, panser des plaies ou remplir des trousses de premiers secours. L’un de ses tout premiers projets, proposer des formations aux premiers secours aux personnels, devrait pouvoir voir le jour bientôt puisque Loïc Rueff devrait décrocher fin juin son diplôme de Formateur sauveteur secouriste au travail, suite à deux semaines et demie de formation. L’infirmier réfléchit par ailleurs à l’organisation d’une journée de sensibilisation sur la vue au travail.

Développer des actions de sensibilisation

Davantage en direction des étudiants, Loïc Rueff organisait, quelques semaines après sa prise de fonction, une première manifestation dans le cadre de Sidaction. « Pas un franc succès », reconnaît l’infirmier, qui ne compte pas pour autant se laisser abattre. D’autant qu’en même temps se déroulait le don du sang géré par les étudiants. Manifestation qu’il a aussi appuyée, en donnant « un coup de main ». Autre projet, faire de la sensibilisation au don d’organes, via des conférences qui seraient données par des intervenants professionnels, et selon des formules « où tout le monde peut échanger ».

Des événements de ce type, Loïc Rueff peut en imaginer dans tous les domaines : des maladies sexuellement transmissibles aux actions santé et nutrition en passant par les addictions. Pour autant l’infirmier n’hésite pas à souligner que son boulot ça n’est pas « de faire de la répression mais d’être à leur écoute, y compris pour les problèmes auxquels ils peuvent être confrontés, même personnels ». Et qu’il n’est pas là non plus « pour leur dire ‘ne bois pas, ne fais pas ci, ne fais pas ça, mais plutôt ‘si tu bois, cuve sur place !’ ». Sa ligne de conduite semble porter ses fruits puisque, de quelques entrées timides l’infirmier déclare être assez rapidement passé à trois visites par jour au moins, parfois huit, preuve qu’il inspire désormais confiance.

* Institut de formation en soins infirmiers

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Côté jardin – Que ça roule !

Une passion ? Le quad ! J’ai toujours fait du sport. Au départ du judo, mais je me suis cassé le col du fémur à 6 ans. J’ai été en arrêt pendant un an et demi. Et comme ensuite je ne voulais plus faire de compétition, je me suis acheté un VTT vers l’âge de 10 ans, et je suis entré au club Chazot VTT* jusqu’à mon déménagement dans le Territoire de Belfort une quinzaine d’années plus tard. Ensuite, j’ai transformé cette passion du tout terrain en me mettant au quad sur mes temps de loisirs, il y a à peu près 7 ans. Et comme avec l’âge on devient un peu plus faignant, c’est plutôt pas mal de rajouter un moteur aux jambes !

Quels plaisirs tirez-vous de ces sports plutôt individuels ? J’ai toujours aimé le sport individuel. Je suis quelqu’un de solitaire et j’aime, au moins deux fois par semaine, faire quelque chose que pour moi et n’entendre parler personne ! Je peux tracer dans les bois, dans les champs, en randos avec les copains. C’est sans contrainte et, en plus, je peux partager cette passion avec ma femme que j’emmène régulièrement. Et par rapport au VTT, on trouve plus facilement des terrains de jeu. Pas besoin d’aller chercher des sentiers sinueux. Même si je continue de temps en temps à faire du VTT car j’aime pédaler et aller au bout de mes forces. Je fais aussi du vélo de route et sur un home trainer, dans mon salon ! Aujourd’hui je me sers du vélo pour découvrir où je pourrai passer en quad (rires) ! Et j’aime faire toute la mécanique et les réglages de mon VTT et de mon moto quad. Au sous-sol, où j’ai un atelier. Mon monde à moi, à la maison, c’est le sous-sol ! Une sortie dure au moins 1h et demi. C’est autant ensuite de nettoyage, révision et graissage.

Je suis quelqu’un de solitaire et j’aime, au moins deux fois par semaine, faire quelque chose que pour moi »

Vous roulez toute l’année ? Il faut que je sorte au moins une fois par semaine, même l’hiver. D’ailleurs c’est surtout l’hiver que c’est le mieux, grâce à la neige et au verglas. Plus tu glisses, plus c’est marrant ! Ce n’est pas comme une voiture, il n’y a pas de différentiel, ce qui permet de partir très vite en glissade à chaque virage (rires).

* Sur le vallon de Sancey (Doubs)



Crédits

Un article de : Camille Pons
Crédits photos : Daniel Nowak

  

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