Alliant jeu d’acteur, performance artistique et innovation technologique pour la production de spectacles décalés et novateurs, Michele Cremaschi est l’ambassadeur d’un théâtre d’un nouveau genre, en pleine adéquation avec son temps. Le « comédien augmenté » italien était en résidence d’artiste à Belfort fin octobre pour peaufiner le concept de son nouveau projet, un spectacle accordant un rôle de premier plan à la réalité augmentée, et bénéficiant des compétences développées dans ce domaine à l’UTBM.
Une scène de théâtre classique, un décor minimaliste, un acteur devant son public… Et soudain l’ensemble se métamorphose et prend vie, la scène comme l’acteur s’habillent d’images et d’effets spéciaux créés par des ordinateurs dissimulés en coulisse. Le spectacle peut commencer. Le théâtre est revisité au gré de la fantaisie créatrice et des apports de la technologie inspirant Michele Cremaschi, concepteur, metteur en scène et acteur de pièces décidément bien peu conventionnelles.
Toujours à l’affut d’innovations technologiques susceptibles de servir son ambition artistique, le créateur italien s’est adressé à l’UTBM où il a trouvé, grâce aux outils que l’établissement développe en réalité augmentée, et selon ses mots, « la technologie idéale » pour mettre en œuvre sa dernière vue artistique. « L’objectif de notre intervention est d’intégrer en direct des éléments de réalité augmentée pour qu’ils fassent partie du spectacle », explique Franck Gechter, responsable de la filière Images, Interactions et Réalité Virtuelle (I2RV) à l’UTBM, qui a tout de suite répondu présent à l’appel de Michele Cremaschi et impliqué ses étudiants dans le projet de l’artiste. Les étudiants en multimédia de l’UFR STGI de l’université de Franche-Comté participent eux aussi à la mise en œuvre de la pièce : il leur appartient de gérer les aspects techniques liés au transmédia, qui consiste en l’utilisation combinée de différents supports médias et de leurs contenus respectifs pour développer une narration.
Une ville animée sur commande
Le support du spectacle est une vidéo réalisée par Michele Cremaschi à partir d’une maquette de ville et qui est projetée sur la scène, créant ainsi le décor. La réalité augmentée amène des animations, ajoute des personnages qui vont se greffer sur le support vidéo. « C’est un processus assez comparable à celui de l’ajout d’une bande son à un film », remarque Franck Gechter. Les vrais acteurs, physiquement présents, évoluent au sein d’un décor en perpétuel mouvement, et en interaction avec lui. Extrêmement synchronisé, le procédé ne laisse aucune place à l’improvisation sur scène. La souplesse réside dans le mouvement de la caméra, qui retranscrit les images de réalité augmentée. Les multiples façons de bouger la caméra sont autant de possibilités d’intégrer les images au support vidéo et donc au spectacle. C’est là, en amont, que réside l’espace de liberté dont bénéficie la mise en scène. Au final, l’effet 3D est saisissant, et l’ajout de ces éléments artificiels, bluffant. « C’est un peu comme si on créait des effets spéciaux dans un film, mais là, cela se passe au théâtre, en direct, devant le public » raconte le spécialiste. Pour Michele Cremaschi, c’est une exploration inédite, et une nouvelle aventure. « A chaque fois que je conçoit un spectacle, j’aime me mettre au défi en cherchant de nouvelles technologies à mettre en œuvre. »
Procédés en surimpression et histoires en cascade
Si le rendu visuel est le résultat de l’interaction entre des techniques et des médias différents, le scénario fait lui aussi l’objet de mélanges. Trois histoires se succèdent, liées cependant toutes par un fil conducteur : le concept de démocratie. Car si la prouesse technologique et la performance artistique sont époustouflantes et forcent l’intérêt, elles ne doivent pas faire oublier que le spectacle a un message à faire passer… Une réflexion sur la démocratie donc. Des citoyens votent par smartphone interposé pour prendre une décision concernant une histoire qui se passe dans leur ville, un village instaure un système politique inspiré de la Grèce antique, les habitants d’un autre village encore sont à l’origine de l’interdiction de l’utilisation de pesticides sur leur territoire… Les étudiants concernés dans leur cursus par des enseignements en réalité augmentée et réalité virtuelle se sont mobilisés à divers titres autour de ce projet, qui a donné lieu à de nombreux échanges avec Michele Cremaschi. L’auteur se réjouit quant à lui d’avoir eu la possibilité de consacrer un temps à sa recherche dans les conditions les meilleures, remercie les structures pour leur accueil et les étudiants pour leur implication. Le travail se poursuit d’un côté comme de l’autre des Alpes, avec peut-être à la clé une représentation sur le sol comtois !
Crédits
Un article de : Catherine TonduCrédits photos : UTBM/DR
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