Il est enseignant-chercheur à l’UTBM, élu de Pays de Montbéliard Agglomération, directeur du Pavillon des sciences et a déjà assuré deux mandats de directeur du département Génie mécanique. Si le don d’ubiquité n’est pas encore connu chez l’être humain, Didier Klein sait s’investir dans tout ce qu’il aime, de la recherche sur la pollution radioactive au soin des plantes, sa passion, en passant par la valorisation de la culture scientifique
Côté cour – L’homme aux multiples casquettes
« Je ne peux pas faire une seule chose à la fois ! » L’enseignant, chercheur, élu, multiple fois directeur, bénévole, s’amuse. À 56 ans, Didier Klein est en effet tous les jours, ou presque, à la fois enseignant-chercheur, élu de Taillecourt et de l’Agglomération, directeur du Pavillon des sciences, et, durant ses pauses, aux petits soins pour ses plantes et ses poissons qu’il affectionne particulièrement.
Didier Klein est un prof « des origines ». Celles de l’UTBM, fondée en 1999, dans laquelle, après avoir exercé une dizaine d’années en tant que maître de conférences en mesures physiques à l’IUT de Montbéliard, il a d’entrée de jeu investi le département de Génie mécanique, qu’il dirigera ensuite sur deux mandats, et le laboratoire IRTES-LERMPS1, dans lequel il œuvre encore aujourd’hui.
Ce professeur des universités, originaire de Paris, a d’abord obtenu un DUT en mesures physiques à Metz en 1981, avant de suivre une licence et une maîtrise de chimie puis un DEA (ex-master recherche) de physique-chimie des matériaux à Besançon. DEA qui l’a conduit au doctorat, dans le même domaine, obtenu sous le double-sceau des universités de Franche-Comté (Besançon) et Paris Sud-Orsay en 1989.
Des travaux sur les effets des matériaux radioactifs sur l’environnement
Ce physicien des matériaux a démarré ses travaux en fonction d’une passion, l’environnement. Dès le début de sa thèse, il se penche sur les effets des matériaux, notamment radioactifs, sur l’environnement, en particulier sur les plantes. Ces travaux lui vaudront d’ailleurs en 1986 le prix de meilleur jeune chercheur du nucléaire. « J’ai travaillé sur la photodégradation des polluants en utilisant des couches de dioxine de titane », explique le chercheur. « En gros, j’ai cherché à faire des matériaux qui dépolluent l’air, et que l’on trouvera dans les peintures ou dans les filtres nettoyeurs. Mes travaux consistaient à trouver les conditions, sous vide, pour fixer ces couches sur des surfaces cristallines. Travaux qui ont eu des applications environnementales, comme par exemple la mise en œuvre de filtres ultra-violets qui nettoient l’air. » Des travaux sur les polluants qui l’ont amené à travailler avec des structures publiques telles que le CEA, l’IRSN, l’AFNOR2 mais aussi le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la Recherche et celui de l’Industrie.
« Il faut avoir une âme d’enfant et des rêves dans la vie, sinon on devient vieux ! »
Dans la même verve, le chercheur a monté un laboratoire environnemental lorsqu’il était en Sibérie, durant sa période exercée à l’IUT, laboratoire qui analysait la pollution de l’eau, mais aussi du sol et de l’air, et faisait de la métrologie3, alors qu’en parallèle des médecins analysaient l’impact des pollutions sur les enfants.
Tombé dans la physique grâce à un prof avec qui il démontait des motos
Ce double attrait pour les matériaux et l’environnement est apparu dès le lycée, ce qui l’a d’ailleurs mené à un bac D (devenu plus tard le bac S option biologie). « J’adorais les sciences naturelles autant que la physique », raconte Didier Klein. Et la physique, c’est un prof au lycée qui l’a fait tomber dedans… « Quand on faisait cours, on démontait sa moto. Quand on faisait de l’optique, on récupérait une feuille et une goutte d’eau pour travailler sur la diffraction de la lumière… Bref, il donnait envie car il était très concret », se rappelle en riant celui qui est devenu un spécialiste de cette discipline.
Si ces travaux font sa fierté, Didier Klein les met un peu un stand by à partir de 2008, lorsqu’il prend la direction des relations internationales à l’UTBM, alors qu’il est déjà, depuis 2003 et qu’il le reste jusqu’en 2010, directeur de son département. Il garde la direction des relations internationales jusqu’en 2014, en jonglant également avec ses responsabilités de secrétaire général de l’association PERSEE4, celles de vice-président élu au CEVU (Conseil des études et de la vie universitaire) de l’université de 2012 à 2016, celles d’élu de la commune de Taillecourt depuis 2001, doublées de sa représentation à l’Agglomération depuis 2008 !
Et ces multiples activités ne l’empêchent pas de continuer à donner des cours à l’UTBM : des cours sur les matériaux, en génie mécanique, mais aussi des cours sur l’environnement, dépendants du département des Humanités, dans lesquels il aborde notamment l’écologie et les polluants, chimiques et radioactifs. Et quand il a le temps, il arrive même à jouer à Forge of Empires, un jeu vidéo de construction de ville où il faut innover !
Boulimique ou intéressé par tout ?
Boulimique des responsabilités ? Non. Quand on l’interroge sur chacune des fonctions qu’il a occupée, on se rend compte qu’il s’intéresse plutôt à beaucoup de choses. Pourquoi les relations internationales ? « Parce que ça a toujours été important pour moi de m’imprégner de connaissances, de cultures et d’approches différentes », répond l’enseignant-chercheur. « J’ai d’ailleurs participé à plus de 250 conférences en tant qu’invité car j’ai entre autres inventé un des premiers appareils de mesure en continu du radon5. » Les normes de métrologie qu’il définira pour mesurer ce gaz radioactif feront de lui d’ailleurs un expert reconnu dans ce domaine. Et des relations internationales, il retient les partenariats qu’il a contribué à nouer avec d’autres universités un peu partout : au Brésil, dans les pays d’Asie comme la Malaisie, la Chine, la Corée du Sud, le Japon ou encore le Kazakhstan et l’Azerbaijan.
Pourquoi directeur du département Génie mécanique ? « Parce que je voulais diriger quelque chose et montrer que l’on peut toujours critiquer mais qu’une fois en place, on est obligé de mettre les mains dans le cambouis ! Et j’adore manager une équipe. Comme à la mairie ! ». Mairie où il réalise son troisième mandat, « le dernier ! » s’amuse encore le chercheur.
« Et ce qu’il fait le mieux dans tout ça ? « La poule au pot ! Alors que quand il s’agit d’être pris en photo en tant qu’homme politique, ça, je fais moins bien ! »
« L’homme est donc depuis toujours à plusieurs casquettes. Mais apparemment toujours pas en panne d’idées. Quand on lui demande s’il a encore des projets, c’est en riant qu’il répond ceci : « ouvrir un petit resto sur le lac Baïkal ! Quand j’y étais en 1990, j’avais décidé d’y faire plein de choses avec les étudiants. Il faut avoir une âme d’enfant et des rêves dans la vie, sinon on devient vieux ! »
Côté passion – La main verte
Des passions ? Les plantes, les poissons et la valorisation de la culture scientifique ! L’environnement est une vraie passion. Lieu d’imagination mais de curiosité aussi : il n’y a qu’à essayer de comprendre la chute d’une feuille, la poussée d’un haricot… J’ai une vingtaine de plantes au labo, la moitié ramenée de pays étrangers. Et un bassin de 6000 m3 avec une trentaine de poissons, que j’ai installé au début des années 2000. Au départ, j’avais une passion pour l’aquariophilie [loisir qui consiste à s’occuper d’animaux et de plantes aquatiques dans un aquarium ou un étang en mettant en valeur l’aspect esthétique, NDLR]. Pendant très longtemps, j’ai eu des aquariums. C’est intéressant de pouvoir observer un système fermé. Et d’écouter les poissons parler ! Si on veut regarder, on y retrouve la société. Il y a des dominants, des dominés, des familles ; si l’aquarium est petit, les poissons sont petits, ce qui montre les effets des contraintes, et inversement, des libertés…
Pourquoi cet intérêt pour la valorisation de la culture scientifique ? C’est en lien avec mon boulot mais j’ai aussi toujours été amateur et créateur d’expositions. Et je suis directeur du Pavillon des sciences qui a cette mission de valorisation de la culture scientifique. J’aime cette dimension : comment communiquer sur les activités de recherche auprès du grand public ? Communication qui n’est pas toujours facile. Et je reviens à mon prof de physique de lycée : il m’a donné envie de faire de la science à partir de petites expériences qui concernent la vie de tous les jours. L’important est de susciter la curiosité. Il y a plein de gens qui passent à côté de la fonction d’objets. Mais ils deviennent moins passifs s’ils sont utilisateurs…
« Pendant très longtemps, j’ai eu des aquariums. C’est intéressant de pouvoir observer un système fermé. Et d’écouter les poissons parler ! Si on veut regarder, on y retrouve la société.. »
Vous travaillez sur la diffusion de la culture scientifique en dehors du Pavillon ? Je fais beaucoup de conférences dans le cadre de l’Université ouverte, y compris sur le chocolat et le vin ! Leur chimie, les effets sur l’homme… Les enfants, on sait les rendre curieux. Les adultes, c’est plus difficile.
D’autres centres d’intérêt ? Je suis aussi passionné de cuisine. Le dimanche matin, c’est moi qui cuisine pour la famille. Et je cuisinais aussi de temps en temps pour le labo ! Cela relève aussi et de la curiosité et de l’innovation : on va au marché trouver des produits, il faut ensuite réfléchir à ce que l’on va en faire, ce sera une mixture qui deviendra un plat, etc. Une sorte de « recherche appliquée » (rires) !
1- Institut de Recherche sur les Transports, l’Énergie et la Société – Laboratoire d’Études et de Recherches sur les Matériaux, les Procédés et les Surfaces
2- Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, Association française de normalisation
3- La métrologie regroupe l’ensemble des techniques permettant d’effectuer des mesures, de les interpréter et de garantir leur exactitude
4- Association qui gérait une activité de recherche partenariale et contractuelle au bénéfice de l’UTBM, activité intégrée à l’UT en 2015
5- Gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents naturellement dans le sol et les roches
Crédits
Un article de : Camille PonsCrédits photos : Samuel Carnovali
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avoir allier la compétence et l’efficacité avec modestie. Bravo !