Côté cour – Com en stock
Ok, vous ne verrez pas de ralenti (pour montrer que ça va vite évidemment…). Ok, il n’y a pas cascades en veux-tu, en voilà. Mais on comparerait bien volontiers le directeur de la communication de l’UTBM à L’homme qui tombe à pic. La série est peut-être devenue ringarde, mais le bon vieux principe du type toujours dispo, toujours là où on l’attend et qui ne débraye pas de la 5e quasi toute la journée, François Jouffroy semble l’avoir repris pour lui. Et ce, aussi bien à son boulot que dans sa vie perso où il cumule les passions.
Une remise de diplômes ? Même pas peur ! « Quand on a géré des stages BAFA et BAFD, de la formation d’adultes, et surtout quand on a organisé des week-ends et des rassemblements avec plus de 20 000 jeunes, organiser une remise de diplômes, ça ne fait pas peur ! ». Il n’a fallu que quelques minutes d’entretien pour que François Jouffroy, le directeur de la communication à l’UTBM, fasse cette parenthèse sur cette partie de sa vie. Le scoutisme1. Qui, depuis l’âge de 7 ans et jusqu’à 35 ans – il en a 38 -, « a dirigé [s]a vie ».
Cette entrée en matière résume assez bien la personnalité du bonhomme. Qui s’investit à fond dans une fonction qu’il vit comme « une vocation ». « J’y trouve un équilibre. Même si c’est prenant et que ça ne s’arrête quasiment pas : il y a des situations de crise à gérer, des bugs sur les réseaux sociaux… Et comme le don de soi est important pour moi, j’ai la capacité à me mobiliser tout le temps. » Don de soi qu’il a découvert aussi chez les scouts, en même temps que « la solidarité et l’envie d’aller au bout des choses »
C’est vrai que les grands rendez-vous de l’UTBM, dont il a obtenu définitivement la responsabilité en 2009, d’abord en tant que chargé de com puis en tant que dircom depuis 2013 ,« il s’en débrouille plutôt pas mal « avec [s]on équipe ! », aime-t-il préciser. Parmi eux, il y a la grosse machinerie annuelle que constitue la cérémonie de remise des diplômes, pilotée depuis 2011 par une chargée des événements à l’UTBM, c’est plus de 600 diplômés à faire venir sur la scène, plus de 2000 invités, les personnels, les familles et les amis des diplômés, les partenaires institutionnels et économiques, ce à quoi s’ajoute toute la logistique qui va avec, la location de la salle de l’Axone, l’organisation des discours, des animations, les prestations photographiques et vidéos, le concert, les relations presse… Pour, chaque année, viser le sans faute. Tout cela en gérant la plus grosse enveloppe com, qui grignote pas moins d’un quart de son budget annuel.
Il s’ennuie devant un film…
Bon, le sans faute évidemment, n’existe pas. Cette année, panne de vidéo-projecteur, « le bug le plus important sur un gros événement de ce type », raconte François. Résultat, aucun des films réalisés pour l’occasion n’a pu être passé. « Pendant 10 minutes, c’était le vide. Puis les techniciens ont tous quitté leur poste pour aller vérifier ce qui se passait, j’ai gardé mon sang froid en tournant en boucle ce célèbre refrain de Queen, The Show must go on !» Même pas peur là non plus, ou presque, alors que, reconnaît-il, « la cérémonie n’est pas qu’un moment émouvant, pour nous, c’est aussi du spectacle. Et toute la scénographie repose sur cet écran géant de 10 mètres de long ! » Le bug a été contourné à défaut d’être réglé, et trois vidéo-projecteurs sont prévus pour l’an prochain…
François Jouffroy semblait visiblement voué à ce type d’exercice, puisque c’est l’empreinte qu’il a laissée à la com depuis son arrivée à l’UTBM. Il a démarré en 2000 en tant qu’assistant de com. Mais « pour faire du web », précise-t-il. « Et je n’ai fait quasiment que du print et de l’événementiel ! » À cette époque, sa directrice le poussera d’ailleurs à passer une licence en Sciences de l’information et de la communication. Déjà ultra motivé, il fera, chaque semaine pendant deux ans, jusqu’en 2004, le trajet jusqu’à Béziers puis Montpellier. « De nuit, pour ne pénaliser mon employeur », précise-t-il, pour suivre une journée de cours chaque mois. De toute façon, explique-t-il, « en termes de capacité de travail et de production, j’ai toujours fait beaucoup de choses. Et je m’ennuie à passer une heure et demi devant un film ! ».
De la compta à la com, le grand pas par passion de l’image
Pourtant, ses toutes premières études, en compta où il reconnaît volontiers qu’il s’ennuyait ferme, ne le prédisposaient pas à ça. « J’ai fait compta parce qu’il n’y avait plus de place en formation cosmonaute ! », s’amuse-t-il. Opportunités professionnelles et intérêt pour l’image vont réorienter sa poursuite d’études et son parcours professionnel jusqu’à ce job. Le virage, il s’en souvient. « À 17 ans, j’ai fait un stage à caractère administratif dans un magasin de photos en 1993. Au bout de 15 jours, j’ai compris que le plus intéressant n’était pas de faire de la compta mais d’avoir un contact avec les acheteurs, les photographes et les vidéastes de la boîte ! »
Le pli est pris. Après le bac il fait des études en lien avec l’image après avoir hésité entre histoire, photo et multimédia, et passe à Montbéliard le DUT SRC (Services et réseaux de communication2). L’avantage de la formation SRC, c’est qu’elle lui donne l’occasion de concilier « tout ce qu[‘il]aime », y compris l’histoire qu’il arrivera à intégrer dans un projet réalisé en partenariat avec le musée du Louvre.
50 % des ses qualités apprises chez les scouts
Pour autant, il n’avait pas attendu le stage de compta pour s’intéresser à l’image et avait déjà fait de la vidéo l’une de ses spécialités… chez les scouts ! Toujours… Et s’était illustré en participant à la réalisation d’une campagne, « Scout, pourquoi pas toi ? ». Pour « dépoussiérer l’image ringarde » que les gens avaient encore des scouts. « Parce qu’ils ne sont plus en bérets, en cravates et en shorts ! », s’étrangle l’ancien équipier national de la formation du mouvement. « Et ce que les gens ne savent pas, c’est que c’est le premier mouvement jeunesse en France. Et cela forge des valeurs ! Quand je suis arrivé à l’UTBM, 50 % de mes qualités venaient du scoutisme. J’y ai appris le travail en équipe, compris l’intérêt du bénévolat et aujourd’hui, c’est ce qui me guide. Et c’est aussi pour ça que j’ai une très haute estime du service public : ça n’est pas un boulot que l’on fait pour soi, mais pour les autres. »
Ce « côté Saint-Bernard », il le cultive pour tous : disponible pour les étudiants, les personnels, la direction, les partenaires, les personnalités extérieures… Mais comme il n’est pas parfait (ça aussi, ça n’existe pas), cet aspect de sa personnalité lui vaut aussi son « plus gros défaut », comme il le reconnaît lui-même : « je ne sais pas dire non ! ». « En moyenne, je remplis mon agenda hebdomadaire d’une quinzaine de rendez-vous. Mais je dois avoir 15 à 20 personnes qui viennent chaque jour partager une info, demander un conseil… », précise-t-il. À titre anecdotique, à la rentrée de septembre pas moins de 14 associations ont défilé dans son bureau durant les 15 premiers jours, soit une par jour à raison d’au moins une heure et demi de réunion. « Les étudiants ont compris que le nerf de la guerre, c’est la com », explique-t-il. « ça leur permet de trouver des financements, d’avoir plus de visibilité, plus d’adhérents. Maintenant, ils sont plus demandeurs de conseils en com que d’argent ! » Chaque semaine aussi, il fait « le grand écart entre cette activité de conseil et des réunions stratégiques ». Ce qui, en dehors de la difficulté « intellectuelle », ne lui pose pas de problème car il dit « adorer les deux relations, avec les étudiants et avec les personnels ». Et sa position, « au cœur de la fourmilière »…
Quand je suis arrivé, on m’a dit »tu verras, il y a quelques mois où ça bouge beaucoup, de la rentrée à février ». Mais ça bouillonne tout le temps ! Et je suis content que ça bouge, parce que c’est un signe positif d’activité. »
De l’événementiel à la création de bodies à la marque UTBM
Bref, du boulot il y en a. Et du boulot, il en abat. « Quand je suis arrivé, on m’a dit « tu verras, il y a quelques mois où ça bouge beaucoup, de la rentrée à février ». Mais ça bouillonne tout le temps ! Et je suis content que ça bouge parce que c’est un signe positif d’activité ! » Avec son équipe, il s’est surtout attaché à développer le numérique. Au-delà des tâches classiques de conception de plans de communication et plans médias, et de gestion des relations publiques, François et son équipe gèrent un site web d’informations, Détours et sa newsletter associée, une newsletter interne, les réseaux sociaux Facebook et Twitter, le rapport d’activité annuel, la remise des diplômes et directement ou indirectement tous les événements qui concernent l’UTBM ou ont lieu dans ses murs, et pour lesquels il apporte soutien logistique, financier et conseil : Festiv’UT, journée d’intégration, Convention du Troll penché…
C’est lui aussi qui a lancé les premières campagnes pour développer un « esprit école », qui permet de faire des étudiants et des personnels des ambassadeurs de l’établissement à l’extérieur : production de tee-shirts, sweats, mugs à l’effigie de l’UTBM, création de la marque « UTBM compétition » pour les sportifs et du « Love UTBM », la marque « fierté » destinée à « développer encore davantage le sentiment d’appartenance ». Il prend même ses ambassadeurs au berceau puisqu’il a réussi à sortir des bodies avec la marque UTBM pour souhaiter la bienvenue aux petits des personnels.
Mais ce n’est pas un long fleuve tranquille non plus. Le plus émouvant ? « Voir partir les étudiants après avoir travaillé cinq ans avec eux ». Sa plus grande fierté ? « Avoir contribué à créer le Festival du film d’un jour il y a 10 ans. Un truc complètement allumé sur lequel on a bossé un an avec les étudiants et les nuits jusqu’à 3h du mat ! ». Le plus marquant ? « Les 10 ans de l’UTBM et la remise des diplômes 2013. Parce que c’était un sans faute complet dans une ambiance extraordinaire ! Dans ces moments là, on est certain qu’on a la meilleure équipe du monde ! C’est l’apothéose ! Du coup, la question c’est comment faire mieux l’année d’après ? » Et le plus dur ? « Les réunions de crise, surtout celles qui ont été organisées suite à deux suicides d’étudiants. C’est surtout la sortie de réunion qui est dure. Quand tu as passé deux ou trois jours dans une cellule de crise, que tu retrouves tout seul face à ton ordi, ce que tu vas faire te semble vraiment trop léger. »
Entre deux tâches et deux passions, il arrive même à donner des cours. Et il n’est pas prêt de quitter le navire. Car, en plus du relationnel qu’il « adore », il dit aimer baigner dans cette « machine à faire de l’innovation ». « Tous les jours, il y a des chercheurs qui font de l’innovation et génèrent de la créativité chez les étudiants, des étudiants qui gagnent des prix, qui viennent me voir avec des projets… Et la dimension recherche appliquée, c’est aussi celle qui fait avancer notre quotidien. J’y pense chaque matin quand je mets le contact dans ma voiture, que j’allume mon ordi, la machine à café… Je me dis que, derrière, se cache un ingénieur qui a permis tous ces petits miracles techniques. Et ça me fascine. » Pas un hasard d’ailleurs s’il choisissait sa carte de vœux 2015 avec cette citation : « Ingénieurs, artisans du miracle quotidien ».
Côté jardin – Zappeur mais sans reproches
Des passions ?
La photo, le vin et les jouets de mon enfance que je cherche à retrouver. La photo, c’est un peu arrivé par hasard. J’ai fait un stage dans un magasin de photos en 1993, lorsque j’étais lycéen. Avec l’argent de mon stage – 1000 francs à l’époque – je me suis acheté mon premier reflex. Ça a pris de plus en plus de place, je faisais de la photo dans tous les sens, j’avais mon appareil avec moi en permanence. Et puis, à force de faire des portraits de copains et de mariage, j’ai lancé mon activité d’auto-entrepreneur en 2013.
Le portrait c’est ce qui t’intéresse le plus dans la photo ?
J’ai toujours travaillé sur le visage. Le visage transmet beaucoup d’émotions. Cette spécialité est née d’un voyage au Danemark, fait avec trois copains. On s’est pris une baffe en voyant les Danoises ! Des filles très typées et très belles. On s’est mis à faire des portraits volés dans la rue, en dehors des visites culturelles évidemment (rires). J’ai fait 800 portraits en 10 jours ! Maintenant, ce qui m’intéresse le plus, c’est travailler dans la proximité. Je fais un maximum de cinq reportages de mariages par an, en dehors des safaris-photos de suédoises (rires). Car je choisis en fonction du feeling que je peux avoir avec les mariés.
Je me suis dis pourquoi ne pas boire intelligemment ? Et connaître l’histoire de la bouteille de vin que j’achète. Là, ce n’est pas « Think different » mais « Drink different » ! »
Et le vin ?
Aux scouts ! En 2009, je suis parti sur un rassemblement, sur l’estuaire de la Gironde, pour y faire une vidéo. J’y ai rencontré un groupe et nous avons été reçus chez un homme originaire de Franche-Comté qui avait épousé la fille d’un producteur. Il nous a fait rentrer chez des producteurs et des viticulteurs et nous avons fait ainsi le tour des vignobles. Ils nous ont initiés à des choses incroyables. Et à l’histoire du terroir. À partir de ce moment là, je me suis dis « pourquoi ne pas boire intelligemment ? » Et connaître l’histoire de la bouteille de vin que j’achète. Là, ce n’est pas « Think different » mais « Drink different » ! Et puis cette passion porte aussi la notion de partage. Je ne bois jamais de vin en semaine, mais le samedi avec les copains !
Inscrit dans un club d’œnologie ?
Celui de l’Association des étudiants de l’UTBM. Et je vais essayer de constituer une cave. Le plus dur après, c’est de trouver l’occasion de déguster.
L’intérêt pour les jouets Fisher-Price© est plus récent…
J’ai perdu la moitié de mes jouets d’enfant dans une sombre histoire. Quand j’ai été Papa, j’ai fait une liste et je suis allé à la recherche de mes jouets parce que je voulais offrir à mes enfants la possibilité de jouer avec. Mais j’avais commencé à collectionner les jouets vintage en 2000. Pour garder un symbole de mon enfance. J’ai une espèce de fascination pour ces jouets qui n’ont pas vieilli. La dernière acquisition, avec l’aéroport Fisher-Price© que j’avais quand j’étais gamin, je l’ai faite chez une famille. Quand ils ont vu comment ma fille était fascinée par les jouets, ils m’ont fait un pack pour 100 euros alors que ça vaut une fortune !
Rangés dans une vitrine ou ta fille peut les toucher ?
Elle joue avec. Elle a le droit ! L’intérêt de ces jouets, c’est qu’ils sont incassables. C’est assez fabuleux. Et mon rêve absolu, c’est de tenir un magasin de jouets !
C’est tout ?
Une copine m’a dit un jour « tu es boulimique, tu es partout, tout le temps, dans tout ! » Le week-end, je suis aussi au château de Belvoir3, que mon grand-père avait racheté en ruines et restauré. Toute la famille se relaie pour organiser les visites. Ça demande un investissement personnel, mais c’est une vraie fierté de posséder ce patrimoine.
1- Chez les Scouts et Guides de France
2- Devenu MMI, Métiers du multimédia et de l’internet
3- Le château, situé près de l’Isle-sur-le-Doubs, est inscrit aux monuments historiques depuis 1956
Crédits
Un article de : Camille PonsCrédits photos : Daniel Nowak