Connaissez-vous SimCity ? Le jeu vidéo de référence dans la simulation de gestion d’une ville… Et si la ville c’était Shanghai ? Et les joueurs des chercheurs ? Ceux de l’UTBM, entre autres, chargés de repenser l’urbanisme, la mobilité, l’environnement culturel, la sécurité… pour optimiser le fonctionnement de l’une des plus grandes mégalopoles au monde ? Imaginons que ce jeu s’appelle ComplexCity. Et qu’il n’en soit pas un…
Toute ressemblance s’arrête là en effet. Les chercheurs de l’UTBM et des autres UT de France, UTC (Université technologique de Compiègne) et UTT (Université technologique de Troyes), avec leurs homologues de l’université de Shanghai, seront peut-être amenés à effectuer des modélisations et des simulations dans le cadre de travaux de recherche menés en commun, mais les problématiques sur lesquelles ils travaillent conditionneront certainement des évolutions bien réelles à Shanghai, et ailleurs. En matière de mobilité, d’accessibilité, de design et donc de qualité de vie, mais aussi en s’attaquant à l’environnement culturel et social. ComplexCity est leur labo…
Le projet a été imaginé il y a une dizaine d’années : implanter, en partenariat avec les deux UT, une formation d’ingénieurs « à la française » en Chine, à Shanghai, voire, à terme, des masters. Et y développer leur « pendant », une activité de recherche qui permet d’alimenter les enseignements en nouvelles connaissances scientifiques et technologiques.
La formation a vu le jour en 2006, au sein d’une structure baptisée UTSEUS (Université de technologie sino-européenne de l’université de Shanghai, http://utseus.com/fr/). Près de 200 étudiants chinois y ont
commencé une partie du cursus d’ingénieur, sur trois ans, qu’ils viendront terminer en France, durant trois années de plus, dans les trois UT françaises. Le laboratoire a été plus long à voir le jour. Jusqu’en juillet dernier…
Création de ComplexCity en juillet 2013
Relancée en 2010, la réflexion a en effet permis de faire émerger des programmes de recherche autour de la thématique de la ville et des systèmes urbains, programmes pour certains déjà en cours et financés, donc cinq en partie par la municipalité de Shanghai. Ces travaux officialisaient ainsi la naissance de ComplexCity en juillet 2013, un laboratoire interdisciplinaire franco-chinois « sans murs ». Une sorte de « superstructure regroupant chercheurs des trois UT et de Shanghai », commente Christian Coddet, le directeur à la recherche de l’UTBM, et qui permettra « d’accroître encore davantage la visibilité des chercheurs de l’UTBM à l’international ».
La thématique choisie devrait être porteuse à en croire Christian Coddet. Parce que « Shanghai est l’une des premières mégalopoles au monde et affiche un taux de croissance considérable. Et son organisation dépend d’un grand nombre d’instances hétérogènes et en interactions les unes avec les autres, instances politiques, techniques, de service, etc., ce qui la rend d’autant plus complexe à gérer ». Un système complexe et dynamique que les chercheurs seront donc amenés à comprendre afin de proposer des innovations technologiques, organisationnelles et sociales pour améliorer la ville, notamment en termes de mobilité urbaine, mais pas seulement.
Accroître le nombre d’étudiants français qui vont faire des études en Chine
Les équipes, qui réunissent à ce jour 23 chercheurs des trois UT et de l’université de Shanghai, ont d’ores et déjà ciblés des thèmes d’études autour de la sociologie, de l’urbanisme, de la sécurité, de l’organisation des transports ou encore de la collecte et du traitement de données. Une dernière thématique incontournable car, comme le souligne justement le directeur à la recherche, « travailler sur une ville suppose d’abord qu’on la connaisse ». À la collecte de données informatiques, s’ajouteront la collecte de données provenant de systèmes d’information géographique (Google Maps, Google Earth…) et des mesures de flux (déplacements humains, trafics de véhicules, etc.) provenant de services téléphoniques.
La concrétisation de cet autre pan du partenariat sino-français permettra enfin, comme le souligne Christian Coddet, de « créer un environnement propice au développement d’autres actions de formation en Chine ». Les partenaires prévoient notamment l’ouverture d’un master 2 spécialisé sur le traitement des données pour la rentrée 2015. Celui-ci devrait permettre d’équilibrer les flux d’étudiants chinois et français entre les deux pays. Car si aujourd’hui entre 120 et 130 chinois intègrent chaque année les bancs des UT, ils sont seulement une cinquantaine de Français à aller dans l’autre sens, en particulier en dernière année de cursus d’ingénieur. Et contrairement à leurs homologues chinois, ils ne peuvent encore pas briguer de double-diplôme. À défaut de double-diplôme, les étudiants français peuvent néanmoins déjà « s’accoutumer au marché chinois et devenir ainsi des supports d’entreprises européennes implantées en Chine ou d’entreprises européennes souhaitant investir le marché chinois », conclut Christian Coddet.
11 projets ont d’ores et déjà été identifiés. Alors que 6 programmes sont en cours d’élaboration, 8 sont déjà financés ou sont en attente de réponses de financements :Les programmes de recherche
– 3 sont d’ores et déjà financés :
Web data mining & public mobility analysis (UTBM) : financement ANR
Digital eternities, tribute to the ancestor (UTC) : financement ANR
Audio scene analysis for transportation monitoring and urban safety (UTT)
– 5 ont fait l’objet de demande de financements :
Cities engineering models (UTBM)
Maintenance & serious gaming (UTC) : dépôt projet AAP France
Smart city logistics (UTT) : dépôt projet AAP Chine
Platform for sustainable practice (UTT) : dépôt projet ANR
Health monitoring applied to parkinson (UTC) : dépôt projet ANR et AAP ChineCrédits
Un article de Camille Pons
Crédits photos : DR / UTSEUS