La fin de l’année universitaire approche, avec son lot de futurs diplômés. À l’UTBM, les 4e et 5e années ont effectué un « retour vers le futur », grâce aux stages longs qui les ont immergés en entreprise, voire déjà intégrés durablement au monde professionnel…
« La différence avec un cours ou un examen durant lesquels on vous demande de résoudre un problème ? Quand vous êtes en stage, vous ne devez pas que résoudre les problèmes, vous devez aussi les poser, avant de réfléchir à la façon de les résoudre. C’est aussi le seul moment où vous faites le lien entre toutes les connaissances et techniques acquises en cours. » Vincent Houdeville, étudiant en 4e année, résume assez bien la fonction du stage.
Ce jeune étudiant de 21 ans a fait le choix, pour son premier long stage autre qu’ouvrier, d’aller passer 6 mois au Pérou. Une expérience exceptionnelle parce qu’en plus de s’immerger dans les secteurs du BTP et du pétrole, il a baigné dans des conditions de travail parfois extrêmement pénibles, jusque dans la jungle amazonienne.
Pour le seul semestre de septembre 2013 à février 2014, ils étaient 617 en stages longs, et la plupart d’entre eux sont venus présenter leur mission sur le campus de Belfort, devant un jury les 13 et 14 mars derniers.
« 43,5 % des étudiants décrochent leur premier emploi dans l’entreprise de leur stage de fin d’études, un chiffre en augmentation continue »
Une étape essentielle pour valider un projet professionnel
L’intérêt est triple. Le stage constitue d’abord une étape « test » pour valider ou infirmer des orientations professionnelles. D’où la diversité d’ailleurs des missions et des structures visées. Alors que beaucoup privilégient l’industrie, et ce d’autant que le territoire offre pas mal d’opportunités avec la présence de grosses entreprises telles Alstom, General Electric, PSA Peugeot Citroën ou encore Faurecia, Lilian Chavard a choisi, pour son stage de semestre d’automne en 4e année, un laboratoire de l’University of South Australia spécialisé dans la conception de machines agricoles.
Un choix opéré… pour valider une orientation en industrie ! Parce que le jeune homme « préfère la conception, le développement et la gestion de projet à plusieurs à la recherche, davantage individuelle, inscrite dans la durée et qui repose sur une démarche expérimentale ». Lui veut du concret, et très vite.
Compléter des connaissances et des savoir-faire techniques…
Pour autant, ce stage est bénéfique en de nombreux autres points, y compris parce qu’il lui permet de découvrir le secteur agricole, « une aussi bonne voie d’orientation que l’aéronautique », son premier choix. Lilian a travaillé sur trois projets.
Les stages en chiffre
- 1388 étudiants ont effectué un stage (courts en 1er cycle, longs en cycle ingénieur et en masters).
- Parmi eux, 1131 stages longs d’un semestre dans le cycle ingénieur dont 226 réalisés à l’étranger. Une proportion qui, certaines années, peut approcher les 30 %.
- L’Allemagne et la Suisse sont les destinations les plus prisées, suivies de la Chine, des Etats-unis et du Canada.
- Sur les cinq années de cursus, les étudiants passent entre 13 et 14 mois en milieu professionnel en multipliant les stages : technique à bac+1, court à l’étranger à bac+2, d’assistant-ingénieur à bac+4 et projet de fin d’études d’ingénieur débutant à bac+5.
- 43,5 % des diplômés UTBM décrochent leur premier emploi dans l’entreprise de leur stage de fin d’études.
Il a optimisé, sur un banc d’essai, un système de ventilation pour éviter, durant leur stockage en silo, que les amandes ne pourrissent ; il a aussi conçu un support pour transporter un broyeur de moissonneuse, inventé au centre, et pouvoir aller le tester ailleurs, sur d’autres graines ou sur d’autres machines ; enfin, il a poursuivi le développement d’un logiciel qui permet de modéliser ces broyeurs afin qu’ils s’adaptent à différentes machines, en prenant en compte les mesures de chacune d’entre elles.
Des logiciels qu’il « n’aurai[t] pas eu l’occasion de voir en industrie ». Et parce qu’il se retrouve au sein d’une petite équipe, il découvre tout autant l’autonomie que la prise de responsabilités.
Car au-delà de l’orientation et de l’application pratique des connaissances, le stage est surtout l’occasion de se frotter à des techniques très diverses et de développer des compétences plus « sociales ». Kaiyao Duan s’est vu ainsi confier, durant son stage de fin d’études effectué à Alstom, la mission de découper une centrale électrique en systèmes élémentaires afin d’assurer un transfert sûr et efficace de la construction à la mise en service. En parallèle, Kaiyao a spécifié et suivi le développement d’une plate-forme collaborative dédiée à tous les acteurs impliqués dans ce process de transfert. Une mission « très enrichissante d’un point de vue technique », mais aussi en terme de suivi de projet puisque l’étudiant a travaillé sur les process et les plannings et fait vivre le projet en servant d’interface entre les différents intervenants.
« Toutes ces expériences m’ont permis de croire beaucoup plus en mes idées »
Vincent s’est aussi frotté à des missions très différentes. Il a élaboré un cahier des charges et développé une application pour faciliter le suivi des chantiers, en matières de production, de gestion des ressources humaines et de coûts, afin de faciliter le contrôle qualité et la détection de problèmes, imaginé et développé une autre application pour le suivi de maintenance des machines de chantiers. Des missions qui ont fait autant intervenir « de l’analyse fonctionnelle que des notions d’ergonomie puisqu’il fallait se mettre à la place de l’utilisateur final », rapporte-t-il.
… Et développer des compétences sociales
Autre expérience de taille, il a été envoyé comme ingénieur assistant sur deux chantiers différents, dont un situé au milieu de la jungle amazonienne. Affecté notamment à la sécurité du chantier, il y assure une mission de repérage et de prévention des risques. Mais l’expérience est surtout hors du commun de par les conditions dans lesquelles il est plongé : « sur le chantier de 6h à 18h, à 40-43° et 98 % d’humidité, 77h par semaine, contre 48h dans les bureaux à Lima, et au milieu des locaux à ne parler qu’espagnol ! »
Des relations interculturelles que tous ceux qui effectuent un stage à l’étranger ou dans de grands groupes internationaux découvrent inévitablement. Très riches en « apports de savoir-faire », autant que pour « la pratique de langues étrangères », comme le souligne Kaiyao.
Enfin, ce sont ces périodes d’immersion qui les amènent le plus à prendre confiance en eux. Parce qu’il a été confronté au danger sur des chantiers et à des conditions de travail et de vie difficiles, Vincent reconnaît avoir « appris beaucoup sur [lui] ». « Toutes ces expériences m’ont permis de croire beaucoup plus en mes idées, se réjouit-il. Et m’ont persuadé que cela n’est pas parce que l’on est inexpérimenté que l’on n’a pas de bonnes idées justement ! ».
Crédits
Un article de Camille Pons
Crédits photos : DR
Les étudiants ingénieurs français s’exportent toujours aussi bien à l’étranger. Les formations de qualité, leur ouverture sur l’extérieur leur permettent de traverser les frontières. Il est intéressant de pouvoir tester ses capacités à s’expatrier lors d’un stage encadré et suivi. Sur ce type de formation, la France est loin d’être à la traine avec un enseignement de qualité.
Connaissez-vous la part des ingénieurs français expatriés 5 ou 10 ans après la fin de leurs études ?