Former une équipe, se répartir les missions, planifier, concevoir, dessiner, calculer, dimensionner, maquetter… À l’UTBM, ces jeux de rôles sont proposés aux étudiants durant tout leur cursus. Un mode d’apprentissage extrêmement riche puisqu’il flirte en permanence avec la réalité du quotidien d’un ingénieur.
« C’est mon dernier jour à l’UTBM avant mon stage, mon dernier projet, aboutissement d’une véritable course d’endurance. Je laisse une trace, je flotte ! ». Maxime Javit sourit. Elle fait partie de la vingtaine d’étudiants du département de formation en Ergonomie, design et ingénierie mécanique (EDIM), venus ce vendredi 17 janvier soutenir en grand amphi leur projet de travail opérationnel type « start-up ». Environ quatre-vingt étudiants s’y sont frottés lors de ce dernier semestre, dont une large majorité à la demande d’un industriel.
La jeune fille devait présenter le projet de conception d’un produit (un réfrigérateur), qui l’a occupé avec trois autres étudiants durant ce dernier semestre. « Un avant-goût du métier d’ingénieur et de ce que sera le monde de l’entreprise, même si l’étude des caractéristiques techniques n’est pas aussi poussée que chez les fabricants, faute de temps ».
C’est bien l’objectif de ces projets proposés dans de nombreuses unités de valeur tout au long du cursus d’ingénieur : inscrire les jeunes étudiants dans une démarche d’ingénierie calquée sur la réalité de terrain. Sachant que ce dernier projet, complet, permet, comme le souligne l’étudiante, « d’appliquer non pas un type de connaissances mais tout ce que l’on a appris durant le cursus, dans tous les domaines, des études préliminaires à la mise sur le marché. »
Autonomes comme de vrais ingénieurs
Au sein du département EDIM, ce sont plus d’une centaine de projets qui émergent des groupes d’étudiants à chaque fin de semestre. Initiés par des enseignants-chercheurs en contact avec l’industrie mais aussi à la demande directe d’entreprises, certains seront peut-être un jour directement exploitables. Comme cet avion taxi léger et ultra-rapide présenté le même jour, le Mosquito 200.
Le vrai « plus », c’est que ces projets constituent une sorte de sas avant la vie active. Les cinq concepteurs du Mosquito l’ont bien compris. « C’est le projet qui nous a le plus appris », se réjouit Rodolphe Baum.
« Parce que nous sommes autonomes, notre enseignant se contentant de nous orienter, nous sommes obligés d’aller chercher les informations par nous-mêmes, d’interpréter les problèmes et de les résoudre, nous apprenons à respecter les jalons établis, à travailler en équipe, à connaître nos limites… ».
Travail en équipe et en autonomie incontournable, comme le confirme Hugues Baume, leur enseignant-tuteur qui dirige la filière DIC (Design industriel et conception). Car « leur vie active sera cadrée par le développement de projets et par le travail collaboratif, et aucun produit ne sort de la tête d’une seule personne aujourd’hui ! ».
Proposer des projets lucides
Que l’on soit en prise directe avec un industriel ou non, que l’on travaille à améliorer l’accessibilité d’un porte-vélo de toit, sur un stepper de salle de fitness ou encore sur la conception d’une voiture hédoniste qui s’inspire de la mythique Bugatti type 35, ne change rien à l’intérêt du projet. Car « même si en 4 mois le produit ne peut être finalisé »bon pour série », il faut proposer un projet lucide, tant au niveau de l’ergonomie, du design que sur ses aspects techniques », résume Samy Libsig du groupe Mosquito. Groupe qui n’a d’ailleurs pas hésité à faire tester par six pilotes d’avion, dont deux pilotes de chasse et un commandant de bord d’Airbus A320, l’ergonomie, le confort et les différentes fonctionnalités du cockpit et de la cabine sur la plate-forme de réalité virtuelle PREVERCOS.
Les erreurs que font les étudiants sont également formatrices. Et « les anecdotes ne manquent pas », rapporte Hugues Baume. « Quand ils sont confrontés pour la première fois à la perte d’une journée entière de travail à cause du crash d’une clé USB, ils découvrent les vertus du partage et de la gestion de données techniques, et donc l’ingénierie collaborative ! »
Ce mode d’apprentissage a apparemment un goût de « reviens-y ». À la fin de sa soutenance, Maxime Javit était encore en mode projet. Celui du 4L Trophy qu’elle va réaliser début février. Quand il n’y en a plus, il y en a encore…
Un article de Camille PonsCrédits
Crédits photos : Francois Jouffroy / UTBM
Crédits vidéo : Samy Libsig / UTBM