Comment vous est venue l’envie de devenir ingénieur ?
Ma passion pour la mécanique est arrivée un peu par hasard. Au lycée, j’ai été responsable d’un petit projet de mécanique. Cela m’a vraiment intéressé. J’ai été touchée par le travail en équipe, le fait de comprendre le fonctionnement d’un système mécanique, de résoudre un problème, de chercher à concrétiser la solution,… J’ai alors cherché un profil permettant d’accéder à ce type de métier, et me correspondant. J’ai décidé de devenir ingénieur.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Après un Bac Scientifique avec option Sciences de l’Ingénieur, mon parcours a été plutôt technique. Le DUT Génie Mécanique et Productique m’a montré des aspects techniques encore inconnus tels que le soudage ou l’usinage. Cela m’a donné un bon bagage technique pour la suite, et surtout conscience de l’aspect fabrication des produits. Ensuite, j’ai intégré l’UTBM au département Génie Mécanique et Conception puis la filière Conception et Développement de Produits.
J’ai choisi l’UTBM car c’est l’une des écoles d’ingénieur françaises spécialisée en conception. De plus, la possibilité d’orienter son propre parcours en fonction de son projet personnel m’a également plu.
Le département GMC s’est présenté comme une formation me permettant d’intégrer sans problème un Bureau d’Études en tant qu’ingénieur spécialisée en conception mécanique.
Pour quelles raisons avez vous fait le choix de poursuivre en doctorat ?
Mon directeur de thèse actuel m’a proposé de faire une thèse. L’idée d’approfondir les méthodologies de conception, à la manière d’un stage ou d’un apprentissage, m’a séduite. La thèse en convention CIFRE est, pour moi, un bon compromis entre recherche et industrie.
Elle permet de passer la plus grande partie de son temps en entreprise tout en alliant enseignement et recherche scientifique.
Aujourd’hui, je suis en dernière année de thèse en convention CIFRE, réalisée au sein de l’entreprise MABI et avec le laboratoire
IRTES-M3M. Mes travaux de recherche portent sur la génération de gammes de produits modulaires, problématique de l’entreprise MABI (TPE de 14 personnes à Botans, 90).
Avec cette thèse industrielle, je suis totalement intégrée à l’entreprise et participe à la reprise de l’activité innovante de MABI (spécialisée dans la fabrication de matériel pour la protection et la rénovation durable des bâtiments).
Depuis mon intégration dans l’entreprise, nous avons créé les fondements d’un Bureau d’Études et sorti de nouvelles gammes de produits. Notre premier brevet depuis 10ans a été déposé, le second est en préparation. Notre nouvelle gamme Scrap’Air a remporté le 1er
prix du concours national « Lumières de l’Innovation » 2011 de la CAPEB. Dernièrement, MABI a remporté le Prix départemental puis
national « Stars & Métiers » 2012 dans la catégorie stratégie globale d’innovation avec mention spéciale.
Je ne regrette vraiment pas mon choix de thèse industrielle et prends énormément de plaisir à participer à tous ces projets liés au
développement de l’entreprise MABI, ainsi qu’à contribuer à un domaine de recherche
Comme si vos études ne vous prenaient pas assez de temps, vous multipliez les conférences en France et à l’étranger. Est-ce que la dimension internationale est importante pour vous ?
Dans le cadre d’une thèse, la dimension internationale est très importante. La recherche ne se limite pas à la France. Il est
important de participer à des conférences nationales mais également internationales pour pouvoir confronter ses idées et échanger avec des spécialistes du monde entier. J’ai pu participer à des conférences importantes du domaine de la conception, et ainsi voyager (Tunisie,
Danemark, Canada, Italie). C’est très intéressant et enrichissant. Par analogie, les entreprises actuelles sont de plus en plus multi sites
voire multi pays, ce qui oblige donc à travailler avec des personnes de nationalités très variées et à être de plus en plus mobile.
De plus, dans le cadre de ma thèse, l’un de mes encadrant est écossais. Il s’agit du Professeur Xiu Tian YAN de l’Université de
Strathclyde à Glasgow. J’ai eu la chance de passer environ 3 mois en Ecosse pour travailler avec lui. Ce fut un très bon moyen de prendre
du recul sur mes travaux, en dehors des contraintes d’entreprise, de recherche et d’enseignement. Il est vrai qu’une thèse c’est énormément de travail, mais ce travail est très diversifié et c’est ce qui en fait aussi tout son charme.
Sur quel(s) projet travaillez vous en ce moment ?
Au sein de l’entreprise, nous travaillons sur le développement des futurs produits MABI. En parallèle, nous mettons en place des aspects
provenant de la recherche, tel que la capitalisation du savoir-faire MABI afin de mieux le réutiliser et le partager. Dans cette optique, MABI participe au projet INGéPROD, labellisé par le Pôle de Compétitivité Véhicule du Futur. L’objectif de ce projet est de mettre en place des méthodologies de conception hautement productive permettant de libérer du temps pour l’innovation en accélérant les tâches de conception répétitives.
Du coté recherche, nous travaillons actuellement sur le développement d’un outil logiciel mettant en application la méthodologie développée dans le cadre de ma thèse. Cet outil concrétise nos réflexions de ces 3 années. Comme deux services d’une entreprise, je dois communiquer avec des personnes qui ne partagent pas le même langage métier que moi. En effet, mécaniciens et informaticiens doivent réussir à se comprendre pour développer un outil qui réponde aux besoins initiaux, axés conception mécanique.
Une femme dans un univers d’homme, pas trop dur ?
Le domaine de la mécanique a pour réputation d’être assez macho. Mais pour le moment, je n’ai pas rencontré de problème particulier
d’intégration, même si les premiers contacts ne sont pas toujours évidents. Si l’on fait du bon travail et que l’on est sérieux, tout se passe généralement bien. Comme dans tout domaine, il faut faire ses preuves.