Yohann Gueguen : La vie en roue(s) libre(s)

Côté cour – Une mécanique bien huilée

Comme son nom l’indique, Yohann Gueguen est d’origine bretonne, de Douarnenez, dans le Sud du Finistère. Comme son nom ne l’indique pas, il baigne dans la mécanique : au boulot, il enseigne la mécanique et conçoit des voitures avec les stagiaires de l’école ESPERA Sbarro ; dans ses loisirs, il troque la trottinette qui lui permet à l’école de passer du showroom aux ateliers, contre moto et tout sport mécanique…

C’est l’un des quatre formateurs de l’école ESPERA Sbarro. Qui accompagne chaque promo annuelle dans la conception et la fabrication de deux véhicules, dont un systématiquement exposé au salon international de l’automobile à Genève. Si ses études avaient spécialisé Yohann Gueguen dans la mécanique, celui-ci ne ciblait pas forcément la formation comme domaine d’activité. En effet, après un bac S sciences de l’ingénieur, obtenu à Quimper en 2006, il passe un DUT génie mécanique et productique puis une licence pro conception et fabrication de structures en matériaux composites à Brest. « J’ai toujours aimé la mécanique et la haute performance », raconte-t-il. « D’où d’ailleurs le choix de la spécialité en licence sur les matériaux composites. »

Ce parcours, bouclé en 2009, le menait logiquement plutôt vers la conception ou la conduite de projets de fabrication. Mais il choisit d’abord de le compléter par une autre formation à… Sbarro ! École qu’il avait déjà découverte à l’occasion de son stage de fin de DUT, et qui lui a donc permis, durant 10 mois, de « mettre en pratique tout ce qu[‘il] avai[t] appris ». Et de concevoir deux voitures : l’Essenza, une berline coupée, et la Speed’R, un petit roadster. « Une sacrée aventure ! », se souvient le jeune homme. « On ne pense qu’à ça 24 heures sur 24. C’est un rythme de formation inoubliable, c’est fort. Avec la satisfaction de fabriquer quelque chose qui roule et qui est exposé au salon de Genève. C’est une école à part, notamment parce que tous ceux qui s’y retrouvent sont des passionnés, autant les profs que les élèves. On n’oublie pas une année chez Sbarro ! »

Quatre ans sur des rallyes automobiles

Pour autant, ce n’est pas chez Sbarro qu’il commence sa carrière, mais chez PH Sport, à Langres en Haute-Marne. Une entreprise spécialisée dans la préparation, le déplacement des véhicules de course mais aussi l’assistance sur les rallyes, structure où il remplace le carrossier peintre, compétence qu’il apprend alors « en live », plaisante-t-il, tout en développant les autres savoirs et savoir-faire acquis durant ses études, puisqu’il y jouera aussi le rôle de mécanicien en rallyes.

« C’est une école à part, notamment parce que tous ceux qui s’y retrouvent sont des passionnés, autant les profs que les élèves. On n’oublie pas une année chez Sbarro !« 

De cette activité exercée durant quatre ans, il retient d’abord les nombreux voyages : au Mexique, en Belgique, en Italie, en Espagne, aux Açores, au Koweït, au Qatar, à Dubaï… Même s’il ne pouvait pas nécessairement « voir du pays », étant bloqué une grosse partie du temps sur les stands automobiles. Si cet aspect là était un peu « frustrant », reconnaît le formateur, celui-ci retient notamment son séjour de 15 jours à Dubaï en 2013, moins chronophage puisque l’équipe y était seulement pour réparer des voitures. « J’ai été impressionné par la démesure », se souvient le jeune homme. « On y découvre un énorme centre commercial au milieu du désert, et d’un côté, il y a une débauche d’argent alors que 10 km plus loin, des gens pauvres dorment à même le sol ! »

À la rencontre de grands pilotes automobiles

Parmi les plaisirs, il y avait aussi l’adrénaline, produite par le rythme infernal des rallyes. « Au total, j’ai dû faire une soixantaine de rallyes. Et à la fin, j’en faisais trois par mois ! », raconte l’enseignant. Son boulot : vérifier l’état de la voiture, réparer, changer les pièces mécaniques, les dégâts de carrosserie… Et évidemment pas que d’une course à l’autre, mais aussi durant la course. « On avait entre 15 et 30 minutes pour remettre en état, il faut aller très vite. Ça fait monter l’adrénaline ! » Ce qu’il aime bien, comme tout passionné de sport mécanique qui apprécie la vitesse. Reste que « c’était parfois très dur » puisque les journées pouvaient faire 20 heures, parfois dans des conditions difficiles, dehors, dans le froid, la chaleur…

Enfin, il y a toutes les rencontres qu’il a pu y faire : des grands pilotes comme Sébastien Loeb, Sébastien Ogier, Robert Kubica, Petter Solberg, Thierry Neuville ou encore Kimi Räikkönen. Et une de ses « idoles », Valentino Rossi, sacré neuf fois champion du monde en Grand Prix Moto, rencontré en 2011 à l’occasion du Monza Rally Show. Et qui partage aujourd’hui sa photo de profil Facebook  !

Son arrivée à l’UTBM, en novembre 2014, est le fruit d’un concours de circonstances. Arrivé à Belfort un mois et demi plus tôt avec sa compagne, il attaque dans la région par un travail au sein d’une concession automobile. C’est l’un des formateurs de Sbarro, Anthony Weck, qui le « branche » sur un poste de formateur mécanique qui allait être vacant et sur lequel il postule.

Formateur à Sbarro : un moyen de transmettre sa passion de la mécanique

Un choix qu’il ne regrette pas depuis. Car le jeune homme de 28 ans trouve ici un moyen à la fois de baigner dans sa passion, mais aussi de la transmettre « à d’autres passionnés ». Avec ses élèves, il réalise des prototypes, de vrais véhicules aptes à rouler, de la conception de l’engin et de son design à la fabrication avec, au sein de la carrosserie, de « vrais » moteurs, châssis, systèmes embarqués… Une partie d’ailleurs parfois réalisée avec d’autres élèves ou enseignants de l’UTBM.

C’est d’ailleurs cette partie là de son boulot, « l’aspect polyvalence et création », qu’apprécie Yohann Gueguen. D’autant plus intéressant, confie-t-il, que lui aussi apprend. « J’ai des élèves de 18 à 50 ans, j’apprends d’eux tout le temps et c’est ce que je recherche », s’emballe le formateur. Avec le plaisir de ne jamais connaître la routine : « on fait chaque année des choses différentes, on est tout le temps en train de créer – cette année un hot rod avec le look d’une vieille voiture américaine et le moteur d’une Jaguar -, on travaille avec des élèves différents, dans des ambiances différentes… Et c’est ce que j’aime ! »

Côté jardin- Le pied sur le champignon

Des passions ? Tous les sports mécaniques et notamment la moto et le karting. Et les LEGO® Technic (rires). Mais je ne sais pas d’où vient ma passion de la mécanique, même si mon père était mécanicien automobile. Mais c’était avant ma naissance. En revanche, j’ai toujours fait des LEGO® Technic, des tracteurs, des avions, ça vient peut-être de là !

« En moto, on a une vraie sensation de liberté ! »

Que trouvez-vous dans ces passions ? J’aime l’évasion, me promener, découvrir des paysages. Et en moto, les sensations sont complètement différentes que lorsque l’on conduit une voiture. On est plus exposé, on a le vent qui nous souffle dessus, on a une vraie sensation de liberté !

Comment se traduisent ces passions ? J’ai acheté ma première moto il y a deux ans et demi. Même si j’avais déjà eu un 50 cm3 quand j’étais jeune. Mais jusque là, je n’avais jamais pris le temps de passer mon permis moto. Je l’ai passé quand je suis arrivé à l’école. J’en fais dès que je peux : je viens au boulot avec, sauf quand il fait trop froid, et je fais des sorties avec des amis. J’aime aller au Ballon d’Alsace et sur les routes de montagne en général.

Et le karting ? Début janvier, j’ai participé aux sélections pour un championnat régional et fais ma première course à Audincourt. J’adore aussi les sensations du karting. On est au ras du sol, il y a un côté challenge puisqu’il faut se battre pour faire un bon temps… Et je ne pense à rien d’autres pendant ce temps là !

D’autres centres d’intérêt ? L’informatique. Je monte mes PC et j’aime dépanner les amis. Et je me suis mis au snowboard. Et là aussi j’aime aller vite, même si je ne maîtrise pas trop !

 

Crédits

Un article de : Camille Pons
Crédits photos : Etienne Kopp
Toutes les photos sur notre galerie Flickr

One thought on “Yohann Gueguen : La vie en roue(s) libre(s)

  1. Clair Jean-Jacques Professeur des Universités ancien Président du CEVU,entre autres pionnier a ';UTBM!!!! dit :

    Bonjour Yohan
    On aurait pu se croiser.J’ai été un des fondateurs de l,UTBM en 86!!!
    J’ai pris ma retraite en 2005 après avoir créé,entre autres ,Bel3D ,une des premières boite de prototypage rapide dans les années 90
    Nous avons travaillé sur des projets européens que nous pilotions avec les constructeurs automobiles

    J’ai essayé d’introduire l’optique dans un monde de pure mecanique !!!

    Encore dans la région peut être nous nous rencontrerons

    Bravopour ton parcours

    Prof Jean-Jacques Clair promo ESO 66!!!

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