XICars, la petite voiture intelligente qui fait parler d’elle à Bordeaux

L’UTBM participait du 5 au 9 octobre à la 22e édition du congrès mondial des systèmes de transports intelligents (STI) à Bordeaux. Trois voitures autonomes collaboratives, nées à l’institut de recherche sur les transports, l’énergie et la société ans (IRTES) étaient en démonstration. Elles ne sont pas passés inaperçues… Loin de là.

« XICars», tel est son petit nom. « X pour croisement, I pour intelligent et cars pour voitures en anglais », décrypte Abdeljalil Abbas-Turki, chercheur et maître de conférence au sein de l’institut de recherche sur les transports, l’énergie et la société (IRTES). En apparence, XICars est une voiture ordinaire, « une Mégane de papa » mais dans son coffre, se cache tout un système électronique unique de communication, élaboré par des ingénieurs de l’UTBM en coopération avec FAAR Industry.

La XICars est ce qu’on appelle une voiture autonome, un véhicule capable de se déplacer sans pilote, à l’image des Google cars. Toutefois, à la différence de ses consœurs, elle n’utilisait pas de capteurs lors de la démonstration, juste un GPS ultra précis et un système de communication sans fil qui lui permet de communiquer avec les autres véhicules aux intersections. « On parle d’intersection coopérative », explique Abdeljalil Abbas-Turki qui travaille depuis 2004 sur le projet, en lien avec d’autres universités, notamment Paris Tech. Et avec le soutien précieux de son thésard, Alexandre Lombard.

L’idée : produire une voiture autonome capable de rouler en situation « réaliste », avec des intersections ou des réseaux d’intersection en toute sécurité.

Ailleurs dans le monde

A Londres, la voiture autonome est déjà en test à l’aéroport d’Heathrow. Il s’agit de petites navettes automatiques, sans volant ni accélérateur, guidées par ordinateur et propulsées par un moteur électrique. Le passager doit simplement indiquer sa destination en appuyant sur un bouton pour choisir le terminal. A Masdar City, aux Emirats Arabes Unis, première ville écologique en plein désert, a été mis en place un « PRT», personnal rapid transit. Des véhicules électriques autonomes suivent une voie et peuvent effectuer des parcours prédéterminés. Science-fiction ? Non, réalité !


Dans l’œil des industriels

20151008_090025A Bordeaux, trois XICars étaient en démonstration sur un circuit en forme de 8. Des constructeurs automobiles (PSA, Honda, Toyota) et des représentants d’entreprises spécialisées dans l’électronique (comme Panasonic et Sony) ont pu monter à bord et tester ces véhicules capables de se synchroniser. «Certains étaient très en confiance, allant jusqu’à téléphoner pendant que la voiture roulait », sourit Abdeljalil Abbas-Turki. Certains se sont montrés, également, très intéressés car derrière le côté « phénomène », les enjeux de ce nouveau mode de transport sont très sérieux et les industriels l’ont bien compris.

Premier intérêt : la XICars permet d’optimiser le trafic aux intersections. « On peut ajouter des priorités aux véhicules », explique le chercheur. Et de prendre l’exemple d’un bus : «Il est prioritaire sur les voitures, mais comment est-il prioritaire sur les autres bus ? A une intersection, on pourrait imaginer qu’un bus qui est à l’avance, envoie un signal à un bus en retard afin de le laisser passer et éviter de le bloquer par la suite sur la ligne ». Idem pour les véhicules de secours. Autre possibilité : «  la vitesse des véhicules pourraient être synchronisée pour faire en sorte que, quand ils se croisent, ils ralentissent au lieu de s’arrêter et perturber le trafic ».

La fin des bouchons ?

Le chercheur travaille également sur les réseaux d’intersection et les « interblocages » : ces situations très crispantes pour les automobilistes, lorsque l’ensemble du trafic est paralysé à cause de feux mal réglés et d’un trafic trop important d’un coup. Ce qui arrive parfois dans les mégalopoles comme à l’entrée de Pékin en 2010 où un bouchon gigantesque a duré… dix jours (et mesurait une centaine 20151008_090523de kilomètres). « Avec le système d’intersection coopérative, on peut anticiper et éviter ce genre de  situation », assure le chercheur, simulation virtuelle à l’appui.

A terme, dans un monde composé uniquement de voitures autonomes coopératives, la signalétique et les feux pourraient bien complètement disparaître… De quoi faire des économies pour les collectivités locales. « Le trafic serait si fluide, qu’on aurait l’impression au final qu’il n’y a même plus d’intersections », image Abdeljalil Abbas-Turki.

Reste que des améliorations sont à apporter et que les recherches à l’UTBM sont loin d’être terminées : « nous pouvons encore améliorer la démonstration, en augmentant la vitesse des véhicules, en acceptant les piétons et en interagissant avec des véhicules virtuels ». Les intersections mobiles (comme lorsque quelqu’un double et se rabat) sont aussi à l’ordre du jour.

Bref, la XICars pas fini de faire parler d’elle.

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