Doctorant en entreprise : la symbiose parfaite

Financé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le dispositif CIFRE permet aux entreprises d’embaucher un doctorant. Lequel applique pendant trois ans ses connaissances scientifiques à des problématiques très concrètes.

Du 100 % gagnant-gagnant. Depuis plus de 30 ans, le dispositif CIFRE (Conventions Industrielles de Formation par la REcherche) subventionne toute entreprise française désireuse d’embaucher un doctorant pour le placer au cœur d’une collaboration de recherche avec un laboratoire public. L’UTBM s’inscrit de manière volontariste dans cette démarche, intégralement financée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et dont la mise en œuvre est confiée à l’ANRT (Association nationale de la recherche et de la technologie).

“Le doctorant passe environ les deux tiers de son temps en entreprise, et un tiers dans le laboratoire dont il dépend”, explique Samuel Gomes, professeur en Mécanique à l’UTBM, directeur du département Génie Mécanique et Conception, et directeur adjoint du laboratoire IRTES-M3M. “Il travaille ainsi sur une double problématique : scientifique d’une part, pour laquelle il reçoit le soutien de son laboratoire ; industrielle d’autre part, car il propose des solutions à l’entreprise qui l’embauche”.

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Le doctorant est recruté en CIFRE pour une durée de trois ans. Il perçoit un salaire, pour une grande part subventionné. L’entreprise reçoit en effet 14.000 euros par an pendant les trois ans, ainsi qu’une aide en Crédit Impôt Recherche. Un contrat de transfert technologique est par ailleurs négocié et signé entre l’entreprise et le laboratoire de recherche dont le doctorant est issu. “Pour résumer”, poursuit Samuel Gomes, “le doctorant ‘coûte’ environ un SMIC à l’entreprise, s’il n’est pas embauché à l’issue de la thèse. En revanche, si un CDI est signé, l’entreprise se voit attribuer une subvention supplémentaire de 60.000 euros en provenance de l’Etat. C’est alors une opération blanche pour elle”.

L’intérêt pour l’entreprise est évident, notamment dans le cas où elle souhaite développer sa R&D et miser sur sa capacité d’innovation. Mais pour le doctorant également, l’opération est avantageuse. “Il travaille tout en poursuivant ses études, il est bien entendu rémunéré et touche un salaire d’ingénieur”, détaille Samuel Gomes. “C’est un CDD de trois ans au cours duquel il est confronté à une réalité industrielle, pour laquelle il peut apporter sa pierre à l’édifice. Il acquiert des connaissances plus globales et plus concrètes”.

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En savoir plus sur le dispositif CIFRE



Crédits


Un article de : Serge Lacroix
Crédits photos : UTBM / DR
  

Mathieu Bettwy : du labo à l’atelier, de l’atelier au labo

Mathieu Bettwy est du genre indécis. A 27 ans, il ne sait toujours pas s’il préfère la recherche fondamentale en laboratoire ou le métier d’ingénieur en milieu industriel. Peu importe : sa convention CIFRE lui permet de ménager la chèvre et le chou, et de remettre au terme de sa thèse, dans 18 mois, son choix définitif. Originaire de Delle, diplômé d’un DUT de Mécanique et Productique, Mathieu a intégré l’UTBM pour y décrocher son diplôme d’ingénieur en Mécanique et Conception. A l’issue d’un stage d’un an dans la filiale américaine du constructeur de machines agricoles Kuhn, il opte alors pour un doctorat en entreprise, au sein de la société Technifen, filiale de Saint-Gobain spécialisée dans la fabrication de fenêtres en PVC.

La formule lui donne l’occasion de poursuivre ses études tout en étant plongé de plain-pied dans la vie active. “Parfois”, explique-t-il, “mes missions dans l’entreprise et mes sujets de recherche sont un peu dissociés. C’est normal : d’un côté il y a des contraintes productives concrètes, de l’autre, un investissement intellectuel sur le long terme”.

Mais bien entendu, ses compétences d’ingénieur collent parfaitement aux exigences de son employeur. Il se penche notamment sur de nouveaux process de production les plus rapides et les moins coûteux possibles, dans un secteur de la fenêtre PVC extrêmement concurrentiel. Les solutions très pratiques qu’il propose à l’entreprise nourrissent aussi sa thèse, qui porte sur l’ingénierie “hautement productive” applicable à tous les sites de production.

Chaque semaine, Mathieu passe une journée sur les bancs de l’UTBM, où il fait le point sur sa thèse avec ses co-encadrants de thèse, le Dr. Karine Deschinkel, Maître de Conférence en informatique à l’IUT de Belfort, membre du laboratoire FEMTO-ST, et le Dr. Toufik Boudouh, Maître de Conférences en mécanique au laboratoire IRTES-M3M. Quant à Samuel Gomes, son directeur de thèse, c’est lui qui fixe les grandes lignes et au besoin, les réoriente.

Doctorant, salarié en entreprise, Mathieu trouve encore le temps de donner des cours aux étudiants de l’UTBM. C’est d’ailleurs dans l’enseignement qu’il compte un jour travailler, après une nouvelle expérience en milieu industriel aux Etats-Unis. “Mais rien n’est encore calé”, sourit-il. Indécis, on vous dit.


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